15 mars 2018
Parce qu’il y a autant de pratiques que de partenariats AMAP, nous avons profité de l’Assemblée Générale du Réseau AMAP IDF pour proposer aux amapien·ne·s et aux paysan·ne·s présent·e·s de nous faire part de leurs belles expériences à la ferme.
10 à 15% : c’est une estimation, un chiffre donné comme ça par un maraîcher. Un maraîcher qui estime qu’il y a entre 10 et 15% de leurs amapien·ne·s qui viennent régulièrement à la ferme. Il ajoute « Y aura toujours des personnes qui ne viendront pas ».
Venir tous les mois, venir une fois, ne pas venir du tout : les motivations et les freins pour venir et/ou accueillir à la ferme sont multiples.
Nous, on aime aller à la ferme parce que…
• C’est une activité joyeuse et familiale
• Ça nous permet d’être au grand air et de profiter du bonheur d’être dehors
• La visée pédagogique des ateliers nous intéresse, que ce soit avec les petits ou les grands. En (ré)apprenant la saisonnalité des légumes par exemple
• C’est un vrai moment de convivialité
• On découvre le métier de paysan·ne, on prend conscience de la réalité des conditions de vie et de travail des paysan·ne·s
• C’est un moment privilégié pour mieux connaître le/la paysan·ne et les autres amapien·ne·s
• On aide, tout simplement
• On met les mains dans la terre
….sans oublier de faire la fête !
Réfléchir aux freins, c’est aussi un bon moyen de mieux comprendre pourquoi certain·e·s ne viennent pas et d’imaginer ensemble de nouvelles façons de faire !
Ce qui peut nous freiner à aller/accueillir sur la ferme, c’est…
• La distance parfois trop grande entre la ferme et l’AMAP
• Le travail physique de certains ateliers
• Le fait de ne pas avoir bien pris conscience de ses engagements d’amapien·ne
• La pluie ou dit autrement, les contraintes météo
• Se dire qu’avec des enfants, c’est impossible
• Prévenir à la dernière minute
• La technicité de certaines tâches pas toujours adaptées au public. Et parfois, « beaucoup de monde » n’est pas non plus la solution
• L’organisation qui semble trop difficile et la crainte de n’avoir personne qui vienne
• Ne pas avoir envie de faire porter l’organisation par le/la paysan·ne
• Ne pas avoir envie d’entendre les « donneurs de leçon »
• Pour s’adapter aux publics «enfants» et « personnes plus âgées », plusieurs ateliers sont possibles à la ferme : créer un espace de jeu pour les enfants, demander à un·e amapien·ne d’organiser un atelier « enfants » en parallèle des autres chantiers dans les champs, inviter les personnes âgées à se réunir autour d’un atelier « semis » autour d’une table autour du « tri des échalotes » ;
• Organiser un jour de livraison dans l’année sur à la ferme (plus facile à organiser pour une AMAP locale). Cette action permet à tou·e·s les amapien·ne·s de venir au moins une fois ;
• Proposer une plantation de haies qui permet de créer un véritable lien avec le lieu. En parrainant chaque arbre ou arbuste par exemple !
• Se donner une règle : ne jamais annuler un chantier à la ferme en raison des prévisions météo. On ne sait jamais quel temps il fera, et on trouve toujours à s’occuper !
• Organiser une journée, voir un week-end festif
• Proposer des chantiers « cuisine » : atelier « choucroute », «confitures » et autres bonnes choses à ramener chez soi après !
Parmi les belles histoires qui nous ont été contées, il y en avait deux qui nous ont particulièrement marquées. Ces histoires se rejoignent car elles racontent toutes deux comment un jour les amapien·ne·s se sont mobilisé·e·s pour permettre à leur maraicher·ère partenaire de partir en vacances.
Ce sont les histoires :
• d’Alice, maraîchère à Larchant avec ses amapien·e·s
En 2017, Alice a sollicité ses amapien·ne·s pour prendre le relais sur quelques tâches de maraîchage pendant son absence. Ainsi, Alice a pu partir 1 semaine en vacances avec sa famille et laisser entre les mains de 4 amapien·ne·s la gestion de l’ouverture et de la fermeture des serres, l’arrosage des plants et l’alimentation du chat ! Pour commencer, il n’y a pas eu de livraison assurée cette semaine-là. Son objectif ? Echanger avec ses amapiens pour créer encore plus de solidarités avec eux et pouvoir ainsi partir 4 semaines en vacances dans l’année, grâce à leur aide, à leur soutien.
• de Nancy, amapienne de Franck Halleur, maraîcher à Egreville, et de ses autres amapien·ne·s partenaires
L’histoire est plus ancienne chez Franck et la mobilisation encore plus forte ! C’est parti de simples coups de main à la ferme, simples coups de mains qui sont devenus de plus en plus réguliers. Et puis un jour, ils ont été quelques amapiens à passer le pas et à assurer la gestion complète du jardin. Aujourd’hui, ça fait 8 ans que ça dure et que cette mobilisation amapienne permet à Franck de partir 9 jours en vacances fin août. Comment ça marche ? Franck a pris le temps de briefer quelques amapien·ne·s de son AMAP locale (15 à 20 km) sur les tâches à assurer : récolte, désherbage, arrosage et (même les) livraisons. C’est un noyau dur de 2 à 3 amapien·ne·s qui assurent l’organisation avec un roulement d’autres amapien·ne·s pendant la semaine.
Tout le monde était unanime : oui, les amapien·ne·s vont plus chez leur maraîcher·ère partenaire que chez leur arboriculteur·trice partenaire, apiculteu·trice, éleveur·euse…
Mais ils.elles étaient tous unanimes aussi : il faudrait que ça change.
La « technicité des productions hors-maraîchage » est le frein principal mis en avant. Donner des coups de main en élevage ou en arboriculture semble plus difficile, voire plus délicat à mettre en place.
Repenser le modèle AMAP (construit par des maraîcher·ère·s) pour l’ouvrir et l’adapter à la diversité des productions agricoles : c’est tout l’enjeu du mouvement des AMAP dans les années à venir.
Anne Lebec, chargée de mission « Installation agricole et accompagnement des paysans » au Réseau AMAP IDF
Réseau AMAP Ile-de-France - 47 avenue Pasteur 93 100 Montreuil
TEL >> 09 52 91 79 95 - contact@amap-idf.org - Facebook - Twitter