28 mai 2021
Essaimer, une alternative pour les AMAP pour cultiver la convivialité et répondre aux besoins des paysan·nes
La création d’AMAP sur le territoire francilien : une dynamique à renforcer
Depuis un an, la crise sanitaire a renforcé un engouement – déjà croissant – de la population française pour les circuits-courts. D’après la directrice de recherche à l’INRAE Yuna Chiffoleau, alors qu’il « y a une dizaine d’années, le circuit court [représentait] 10% du panier alimentaire moyen. Aujourd’hui, c’est entre 15% et 20% ».
Les changements brutaux de températures qui se sont multipliés ces derniers mois, ainsi que la multiplication des contraintes exercées sur certains circuits de commercialisation liées aux règlementations sanitaires, rappellent qu’il est plus que jamais nécessaire de garantir une plus grande stabilité à nos paysan·ne·s.
Le nombre d’AMAP francilienne est en augmentation constante, avec une quinzaine d’AMAP créées chaque année (13 AMAP créées en 2018, 18 en 2019, 14 en 2020, 12 projets de création en cours pour 2021). Toutefois, certains territoires restent moins pourvus en AMAP, particulièrement les territoires ruraux moins denses. Dans les territoires urbains, elles sont proportionnellement peu nombreuses au regard de la densité de population caractérisant ces territoires.
Carte du Nombre d'AMAP par commune (Source: GAB IdF)
Carte des créations d'AMAP 2019-2021
En parallèle, accompagnés par nos structures dans le cadre de l'association Abiosol, le nombre de néo-paysan·ne·s augmente dans certain·es territoires. Il en va de même avec la capacité de production de paysan·ne·s déjà installé·e·s, ce qui nous amène aujourd’hui à une situation rarement vue précédemment : nous avons plus de paysan·ne·s en recherche d’AMAP que d’AMAP en quête d’un·e paysan·ne. La situation concerne particulièrement l'est du territoire (Seine et Marne).
Aujourd’hui, il nous semble donc indispensable de mettre un coup d’accélérateur à la dynamique de création d’AMAP pour permettre à un plus grand nombre de s’engager auprès de paysan·ne·s pour soutenir une autre forme d’agriculture et d’alimentation. Le Réseau AMAP Ile-de-France a donc décidé d’adopter une démarche proactive pour renforcer la création d’AMAP. Une des façons de répondre à ce besoin de création d’AMAP serait notamment d’accompagner les grandes AMAP existantes à essaimer pour donner naissance à de nouvelles AMAP.
Le modèle AMAP, une question de taille ?
Il est toujours intéressant de demander aux amapien·ne·s s’ils ou elles considèrent leur AMAP comme « petite » ou « grande ». Bien souvent les points de vue diffèrent. Pour certain·e·s, une quarantaine d’amapien·ne·s c’est déjà beaucoup tandis que pour d’autres c’est encore très peu. Cet enjeu de taille révèle plusieurs réalités.
La capacité de production du·de la maraicher·ère partenaire explique en partie la taille d’une AMAP. En fonction des besoins exprimés par le·la paysan·ne partenaire, l’AMAP ira chercher un nombre plus ou moins important d’adhérent·e·s.
Certaines AMAP choisissent de limiter leur nombre d’amapien·ne·s autour de 30-40 adhérent·e·s afin de maintenir une cohésion et des liens forts au sein de l’AMAP mais aussi d’avoir une charge de travail bénévole acceptable. Toutefois, ce choix implique parfois de fermer la porte à de nombreuses personnes intéressées par le modèle AMAP, et de limiter le nombre de panier que le partenaire maraîcher peut distribuer.
Par convictions, d’autre AMAP font aussi le choix de permettre au plus grand nombre possible de rejoindre le mouvement des AMAP. Mais cela peut être au détriment des échanges et de la proximité relationnelle qui sont au cœur du partenariat AMAP. Le risque étant in fine de rencontrer des difficultés pour sensibiliser ses amapien·ne·s aux engagements qu’ils·elles ont pris et créer les conditions de leur implication au sein du groupe et auprès des paysan·ne·s !
Face au nombre, certaines AMAP décident d’avoir deux lieux de distribution (avec parfois un·e maraicher·ère par lieu) pour faciliter la rencontre et les échanges entre les membres. Cette solution implique toutefois un investissement supplémentaire et il peut s’avérer délicat de créer du lien entre les membres des différents lieux.
Essaimer représente donc une formidable opportunité pour des AMAP de répondre aux besoins exprimés par la population de leur territoire ou à ceux de leur paysan·ne partenaire tout en conservant une taille qui facilite la convivialité, l’implication et la solidarité !
Essaimer, ils et elles l’ont fait
Ces dernières années, plusieurs AMAP ont essaimé pour donner naissance à de nouveaux groupes et renforcer ainsi l’accessibilité du modèle AMAP au plus grand nombre.
A Saint-Cyr l’Ecole, des amapien·ne·s ont initié la création d’un nouvelle AMAP dans un lieu plus central de la ville, un autre jour de la semaine, afin de permettre à de nouvelles personnes de découvrir ce modèle.
Dans le 13e arrondissement parisien, l’AMAP Consom’solidaire créée en 2005 a essaimé en 2018. Regroupant 75 amapien·ne·s réparti·e·s sur deux lieux de distribution, cela a permis à leur maraicher Benjamin de distribuer un plus grand nombre de paniers en limitant ses trajets. En effet, la nouvelle AMAP, Les Oiseaux de Passage, a noué un partenariat avec le paysan de leur AMAP d’origine en conservant le même jour de distribution mais dans un territoire proche dépourvu d’AMAP.
Lancer un projet de création d’AMAP accompagné·e par le Réseau AMAP Ile de France
Un projet d’essaimage doit commencer par une bonne compréhension de la demande existante sur votre territoire. Avez-vous une liste d’attente* importante avec un fort taux de renouvellement des membres d'année en année, ce qui ne permet pas d’accueillir de nouveaux amapien·nes ? Y-a-t-il d’autres AMAP sur les territoires proches et sont-elles en mesure de répondre à la demande ? Certain·e·s de vos amapien·ne·s habitent-ils·elles dans un quartier éloigné ou excentré par rapport à l’AMAP ?
En effet, si des paysan·ne·s cherchent actuellement de nouvelles AMAP, il ne s’agit pas de créer une nouvelle AMAP qui ferait concurrence à une AMAP existante au risque de mettre en danger les revenus de leurs paysan·ne·s partenaires.
Si vous envisagez la possibilité d’essaimer, sachez que le Réseau AMAP IdF vous accompagnera dans la création de votre nouvelle AMAP. Cet accompagnement démarre par une formation en soirée en visioconférence accompagnée d’une paysanne pour poser les bases du modèle AMAP puis détailler les étapes à suivre pour créer une nouvelle AMAP.
Par la suite, vous serez accompagné·e par une salariée par mail, téléphone, réunions en présentiel si besoin, pour vous mettre en relation avec un·e maraicher·ère et répondre à vos diverses questions (contrat, démarches administratives, recrutement d’adhérent·e·s etc.).
Alors si vous pensez qu’il est l’heure pour vous d’essaimer, n’hésitez pas à partager cet article au sein de votre AMAP pour inviter quelqu’un·e·s de vos amapien·ne·s à planter la graine d’une nouvelle AMAP !
Vous pouvez aussi prendre contact avec Astrid, salariée du Réseau en charge de l’accompagnement des groupes en création, pour échanger sur un possible essaimage (07.48.45.31.90 | astrid@amap-idf.org).
Par Astrid, salariée du Réseau AMAP IdF
*Attention à bien entretenir et "tester" régulièrement votre liste d'attente. Les déménagements, les changements de projet, une place dans une AMAP voisine peuvent vous vider rapidement votre liste d'attente.