Numérique & AMAP
Face à la multiplication des partenariats (légumes, pain, oeufs, viande, fromage etc.) et au nombre important d'amapien·nes, la gestion des contrats peut s'avérer lourde à porter pour les bénévoles des AMAP. Certaines se tournent vers des outils numériques pour les aider à gérer les contrats et faciliter la communication avec ses membres.
La coexistence d'un nombre croissant d'outils de gestion administrative des AMAP (AMAP J, Clic'AMAP, AMAPresse, BioToutCourt, Cagette.net etc.) suscite une certaine incompréhension chez les amapien·nes qui n'arrivent pas à les différencier et donc à choisir lequel utiliser en connaissance de cause !
Plusieurs critères peuvent être retenus pour différencier ces outils :
- Leur objet : Certains outils ont été développés spécifiquement pour la gestion des AMAP (Clic'AMAP, AMAP J, AMAPresse) tandis que d'autres couvrent plusieurs systèmes de circuits courts (Cagette.net et BioToutcourt)
- Leur démarche et modèle de développement : Certains outils sont pilotés collaborativement par des membres du mouvement des AMAP (amapien·ne·s, réseaux d'AMAP), sans but lucratif, et développés avec l'aide de développeurs informatiques professionnels. D'autres sont portés par des entreprises privées à but lucratif.
- Leurs fonctionnalités : gestion des contrats, des livraisons, de la communication entre les membres... les fonctionnalités varient d'un outil à l'autre, avec pour certains l'option de paiement en ligne soulevant des questions éthiques et juridiques (voir encadré ci-dessous).
Paiement en ligne : risques pour l'AMAP et pour le modèle
L'option de paiement en ligne proposée par certains outils soulèvent plusieurs questions éthiques et juridiques :
- La présence d'une tierce organisation dans les flux financiers entre les amapien·nes et les paysan·nes vient à l'encontre du principe de vente directe propre au modèle AMAP. Cela fait peser des risques concernant le régime fiscal des AMAP (voir la fiche complète "Fiscalité des AMAP et réseaux d'AMAP : informations, risques et conseils"). L'AMAP risque d'être considérée comme un groupement d'achats, vente en points relais, e-commerce... des activités soumises aux impôts commerciaux.
- D'autre part, la présence de cet intermédiaire conduit au paiement d'une commission par l'amapien·ne. Le prix payé par l'amapien·ne ne revient donc pas en intégralité à son·sa paysan·ne et l'augmentation du coût nuit au principe d'accessibilité d'une alimentation de qualité à tou·tes que nous revendiquons.
- Enfin, l'intégration d'une tierce organisation dans les flux financiers ne correspond pas au modèle AMAP mais à celui des groupements d'achats, de vente en points relais, d'e-commerce etc. En cas de contrôle de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF), l'AMAP pourrait être accusée de publicité mensongère ou de tromperie du consommateur. Au-delà de l'amende encourue par l'association, c'est le modèle permettant de faire vivre des centaines de paysan·nes et de pérenniser des centaines de fermes qui pourrait être pénalisé.
Il s'agit pour les groupes en AMAP d'être vigilants quant à leur choix d'outil de gestion numérique qui pourrait nuire à l'image de l'ensemble des AMAP. C'est pour les raisons évoquées ci-dessus que le Réseau AMAP IdF et le MIRAMAP se sont positionnés contre l'utilisation de certains outils, notamment BioToutCourt.
Le Réseau AMAP IdF est conscient de la charge liée à la gestion par chèque des contrats, tant pour les bénévoles que pour les paysan·nes. Des solutions de paiements dématérialisés peuvent néanmoins être mises en place sans risque pour le modèle AMAP. Le paysan est notamment libre de faire appel à une solution numérique de son choix, pour laquelle il engage des frais uniquement dans le cadre de son entreprise.