30 mai 2020
Portrait : Arthur Peijs : "L'agriculture, what the fuck ?!"
De directeur marketing, à la crise de la quarantaine...
Dans une vie antérieure, Arthur était directeur marketing dans un groupe de presse. Et puis la crise de la quarantaine est arrivée et avec elle, l’envie de reprendre les études et de se trouver un travail d’une plus grande pertinence sociétale. Après une rupture conventionnelle avec son employeur, Arthur dégote une formation à Dauphine qui peut être financée par le Fongecif : un master en Développement Durable.
... passage par Abiosol
Il a toujours été sensible à l’urgence climatique et aux questions de résilience alimentaire (à fortiori en tant que parisien), et dans son autre vie, il avait de grandes discussions sur ces sujets avec les chercheurs qui écrivaient pour les magazines scientifiques qu’il s’occupait de vendre. Son programme de master inclut un stage et Arthur commence ses repérages. Un ami, chercheur au CNRS, lui parle de Terre de Liens, qu’il avait déjà dans son viseur. Il envoie une candidature spontanée, qui arrive quelques semaines avant la finalisation de l’offre de stage Abiosol pour la préparation de la fête des 10 ans de l’association. Magique ! Il rencontre les équipes, le courant passe, le voilà au Mundo-M, à Montreuil, dans nos locaux.
Entre temps, le Covid sévit et repousse la fête à des temps plus propices. Arthur propose alors de réorienter ses missions et se lance dans un questionnaire à destination des porteur.ses de projet suivi.es par Abiosol. C’est, là encore, avec une espèce de pertinence un peu magique que s’alignent les besoins d’Abiosol (faire un bilan de l’existant, en savoir plus sur les aspirant.es paysan.nes qu’on accompagne) et les envies d’Arthur, qui a décidé d’écrire son mémoire de fin d’étude sur les installations collectives.
C’est sa première fois dans une association, et il trouve les questions de gouvernance passionnantes. Dans une entreprise, même petite, ça va vite, parce qu’on décide quasiment tout seul, ou avec son responsable hiérarchique. Mais dans une association, on doit discuter plus longtemps, avec plus de gens. Comme le répète la plaquette de Terre de Liens, « ensemble on va plus loin ».
Un mémoire sur les installations collectives
Si le Covid a hélas limité les interactions, il se réjouit de cet apprentissage, qui a sans doute nourrit le choix de son sujet de mémoire. Ce qui l’intéresse en effet, c’est à la fois le comment et le pourquoi de l’installation collective, sous l’angle de la sociologie des organisations. qu’est-ce qui fait qu’on se lance dans le métier agricole, et comment on se projette dans cette entreprise, qui est à la fois un idéal (écologique, social, culturel) et une activité commerciale. La ferme collective offre peut-être plus de souplesse à celles et ceux qui se lancent dans le métier de paysan (on peut en sortir plus vite), mais elle exige aussi plus de discussion pour aligner les objectifs de chacun et construire des objectifs communs (sur les normes agricoles, sociales, environnementales).
Sans aucune connaissance agronomique, Arthur a choisi l’angle économique de l’installation. Ses recherches lui ont ainsi permis de découvrir la précarité du métier : que certains paysans ne gagnent pas le SMIC l’a fait tomber de sa chaise : « des types formés qui sont à la tête d’une entreprise ?! On peut gagner moins que le SMIC ?! », la complexité de la réforme de la PAC « tu as besoin d’une boîte d’anti-dépresseurs avec toi quand tu lis ça ». C’est le même genre d’étonnement qui l’a conduit à rédiger pour un cours d’économie le devoir que nous diffusons ce mois-ci. Il s’agit d’une étude sur le poids économique des AMAP. Il est d’ailleurs en train de préparer une second volume, axé « santé » sur le rôle des CSA aux Etats-Unis. On attend impatiemment de lire ce devoir et son mémoire.
Pour la suite (parce qu’il a décidé de profiter jusqu’au bout de cette crise de la quarantaine: après tout il travaille depuis 20 ans et il est un peu « à mi chemin entre la naissance et la tombe » !), Arthur a décidé d’enchaîner avec un autre Master, qu’il ira suivre au Schumacher College (https://www.lenouveaum.fr/post/le-schumacher-college) au sein d’un cursus baptisé « Engaged Ecology » pour approfondir son approche et réfléchir sur les moyens d’agir concrètement dans son travail et dans sa vie pour faire vivre l’écologie. Et puis sans doute s’inscrire à nouveau dans un groupe AMAP. Après 7 ans au sein de l’AMAP féministe transpédégouine de Paris, il a mis fin à son contrat, mais le lien avec les adhérent.es et les paysans lui manque. A son retour d’Angleterre, maybe!
Par Maud, amapienne et administratrice du Réseau