Après avoir fonctionné quelques années comme beaucoup d'autres élevages laitiers, Christelle et Jean-Philippe de la ferme de Romnel ont décidé de se tourner vers la lactation longue. Pour comprendre les raisons et ce que ça change pour eux, voici le récit de leur rencontre !

Le nombre de fermes d'élevage notamment laitières se comptant sur les doigts de la main en Île-de-France (voir cet article), le Réseau AMAP IdF est ravi de vous faire visiter et découvrir l'une d'elles : la ferme des Biquettes de Romnel situé en Seine-et-Marne et dans laquelle les chèvres sont heureuses et en bonne santé !

Christelle et Jean-Philippe se sont installés sur la ferme en 1996, Christelle alors puéricultrice à Paris opère une reconversion professionnelle. Après avoir géré les terres en grandes cultures et valorisé la farine en pain, Christelle et Jean-Philippe décident de se lancer dans l'élevage en agriculture biologique en 2018. Alors qu'ils n'aimaient pas le fromage, c'est la découverte de ceux de Laurence Nory, éleveuse installée dans le nord de l'Yonne, et l'absence d'élevage dans la région qui motivent leur choix. Lorsqu'ils commencent leur activité d'éleveurs, ils achètent des chevrettes à Laurence. Puis, ils diversifient leur troupeau avec des têtes de la race anglo-nubienne, assez rare en France, mais dont le lait possède des propriétés idéales pour faire du fromage. Ils ont maintenant une soixantaine de chèvres et chevrettes.

La conduite du troupeau en lactation longue

De 2018 à 2020, l'élevage laitier fonctionnait comme beaucoup d'autres : les chèvres mettaient bas une fois dans l'année, leur petit étant retiré rapidement pour qu'on puisse recueillir le lait. Les mâles étaient engraissés sur la ferme puis envoyés à l'abattoir. Rapidement, le couple d'éleveurs a été confronté à la difficulté d'envoyer ses bêtes à l'abattoir et à l'absence de demande de viande de chevreau en Île-de-France.

En 2021, ils décident alors de tester la lactation longue (plus de 480 jours) qui se transforme en lactation continue grâce au bon niveau de production de lait des chèvres ! Aujourd'hui, la soixantaine de chèvres et de chevrettes est conduite en lactation continue et en mono-traite (une traite par jour le matin). Dans cet élevage, certaines chèvres produisent du lait depuis plus de 700 jours.

Pour le couple, cette conduite permet de ne plus gérer les mises-bas chaque année (avec les risques sanitaires en découlant) et limitent le nombre de chevreaux à envoyer à l'abattoir. Les éleveurs constatent que le lait est plus concentré en matières grasses, et qu'il se valorise très bien lorsqu'il est transformé en fromage. Les chèvres produisent en moyenne un litre de lait par jour, un rendement très satisfaisant pour eux. La quinzaine de brebis de race lacune présente sur la ferme consomme le petit-lait : elles adorent ! Les agneaux sont élevés sous la mère et la viande commercialisée en direct !

Il est important de noter que cette façon de mener son troupeau entraîne des changements : diminution en moyenne de 30 % de la quantité de lait produit, un choix précis des chèvres (races, âges...), une astreinte de la traite et de la commercialisation toute l'année… Christelle et Jean-Philippe se sentent plus en accord avec cette façon de faire, mais chaque producteur doit trouver son équilibre, la lactation longue ne correspond pas à tous.

Le lait produit est transformé en fromage et en yaourt !

La fromagerie est située sur l'exploitation, accolée à la boutique. La fromagerie et la cave ont été auto-construites, tout comme le quai de traite.

Christelle et Jean-Philippe s'occupent ensemble de la traite le matin, qui dure environ une heure. Christelle transforme chaque jour les 60 litres de lait, l'équivalent d'une soixantaine de fromages/yaourts par jour. Ils produisent des yaourts nature et au chocolat, du fromage blanc, des fromages frais (nature et aromatisé), des fromages affinés et de la tomme !

Jean-Philippe s'occupe du nourrissage des animaux. Il fait du foin notamment de luzerne sur les 37 hectares qu'ils ont en bail, ainsi que de la paille et quelques céréales pour l'alimentation du troupeau. Il arrive à faire 3 ou 4 coupes sur la luzerne. Le troupeau a du foin en illimité et est complémenté à la traite, notamment avec des bouchons de luzerne ainsi que de la poudre d'oligoéléments.
Christelle utilise la phytothérapie et l'aromathérapie en prévention des parasites.

 Ils ont pour projet de replanter beaucoup d'arbres en 2023 pour faire de l'agroforesterie. Ils vont les tailler en trogne pour pouvoir y mettre les chevrettes.

La commercialisation 

Actuellement, ils vendent sur les marchés, en AMAP et en vente directe à la ferme. L'objectif des prochaines années est de commercialiser une plus grande quantité en AMAP. Ils partagent les valeurs de la charte et cela leur permet d'avoir de la visibilité sur leur production.

Si vous êtes tentés par un partenariat avec cette ferme bio de Seine-et-Marne, n'hésitez pas à nous contacter !

par Lucie, salariée du Réseau AMAP IdF