28 mai 2021
Dans la série "Le collectif, c'est nous!" ce mois-ci : Joanna ou l'école du Soleil
Joanna vient de rejoindre le collectif d'administrateur·rices du Réseau dans le collège des groupes AMAP : elle est adhérente depuis 7 ans à Consom'Solidaire, un groupe historique dans le 13ème arrondissement de Paris. Elle est arrivée en France il y a environ 13 ans, et pour apprendre la langue elle a lu avec passion « À boire et à manger », la BD de Guillaume Long.
L'alimentation, c'est universel, ça parle à tout le monde, c'est le quotidien, et puis c'est plus facile avec les dessins ! C'est Long qui l'a initiée au système AMAP. Elle a donc cherché un groupe dans son quartier et s'est pointée à sa première distribution en plein mois d'août : sur liste d'attente, elle s'inscrit quand même pour distribuer et décroche vite fait un panier. Quand
Consom'Solidaire fête ses dix ans, une grande fête est organisée sur une péniche Quai de la Gare. Joanna, plasticienne de son métier, propose d'organiser une exposition, et intègre le collectif de l'asso dans la foulée avec son mari Jérémy. Aujourd'hui, elle y est toujours, et en charge du contrat canard.
Son activité artistique a aussi évolué en parallèle de ses engagements : ses oeuvres mettent en scène le vivant et elle a co-fondé le collectif Enoki, qui engage un cycle de dîners qui associent les pratiques artistiques, scientifiques et alimentaires. Chaque dîner devient une promesse éditoriale, avec des recettes, des dessins et un texte qui fait synthèse des conversations pendant le dîner. Le premier vient de sortir, il est consacré à la fermentation. Le prochain portera sur les circuits-courts.
L'AMAP a profondément changé sa vie. Elle a grandi à Hong Kong : là-bas le lien avec l'agriculture est difficile, plein de produits importés, on perd le sens des saisons et on vit hors-sol. Et puis la culture néo-libérale est majoritaire et puissante : on désire consommer pour justifier de passer sa vie au travail.
En intégrant un groupe AMAP, elle a fait des rencontres qu'elle n'aurait jamais pu imaginer. Elle sent qu'elle est devenue plus tolérante et moins élitiste, mais surtout elle se réjouit de pouvoir être en contact avec les gens qui font partie de son assiette : dans l'AMAP elle connaît celui ou celle qui plante et qui cultive, celui qui élève les animaux ; dans son supermarché coopératif, elle connaît celui ou celle qui met en rayon. Son groupe est assez large et très actif : 90 paniers environ répartis sur deux lieux de distribution en partenariat avec deux maraîchers et une participation active au Festival Alimenterre, un jardin pédagogique à la Poterne des Peupliers, une bibliothèque volante.
Beaucoup de personnalités très engagées, une volonté affirmée de promouvoir l'éducation populaire. Parmi les militants rencontrés, Joanna distingue deux écoles : celle du Soleil et celle du Vent, et sa préférence va clairement à la première. Cette distinction vient d'une histoire de son enfance. C'est un pari entre le soleil et le vent pour départager celui qui parviendra à nous déshabiller. Le vent crâne et dit qu'il n'a qu'à souffler. Mais plus il souffle, plus on caille et plus on resserre nos vêtements. Le soleil attend calmement et se contente de briller : sa chaleur nous fait tomber la veste. L'école du vent défend un militantisme vindicatif et moralisateur, et parfois culpabilisant qui cherche à désigner les ennemis. Les partisans du
soleil professent une adhésion par le désir et la joie : ils se contentent de briller et de donner envie.
Joanna est passionnément solaire, elle aime avoir et donner envie. Pour elle, c'est le seul vrai ferment du changement. Et elle adore faire la fête. C'est une fête qui l'a fait intégrer le collectif de son groupe. C'est aussi une fête qu'elle veut organiser maintenant qu'elle a rejoint le collectif du réseau. Elle se penche dès maintenant sur les célébrations des 20 ans des AMAP, qui doivent se dérouler à l'automne. Elle a aussi envie de contribuer à l'organisation du voyage d'étude amapien du mois de juin (elle a participé au dernier et elle a adoré). Abiosol et l'accompagnement des groupes font aussi partie de ses centres d'intérêt. Mais surtout, elle n'en peut plus des réunions zoom et elle se réjouit de pouvoir recommencer les réunions en vrai, sur les fermes.
Nous sommes ravi.es et honoré.es que les rayons de soleil de cette joie militante viennent nous réchauffer ! Bienvenue à toi, Joanna !
Par Maud, administratrice du Réseau