29 oct 2021
Dans la série "Le collectif, c'est nous", ce mois-ci, "Sokchearta ou comment raviver nos facultés citoyennes"
Sokchearta a été élue administratrice à la dernière AG du réseau, elle est devenue amapienne il y a deux ans, propulsée présidente immédiatement au sein du groupe des Prairies dans le vingtième arrondissement à Paris.
Sokchearta a commencé sa carrière dans l’action sociale avant de s’engager dans l’humanitaire au sein de diverses ONGs. Elle a travaillé sur le terrain pendant plus de dix ans, en charge de l’évaluation des besoins et de la mise en place l’accompagnement psycho-social dans les contextes d’urgence pour favoriser la relance de l’activité au sein des populations victimes de catastrophes ou de conflits.
Au bout de dix ans à parcourir le monde (Haïti, Irak, Mali, Venezuela, Syrie, Yemen, Bangladesh, Birmanie…par exemple) et secourir des publics en difficulté, elle décide de rentrer à Paris, pour se poser mais aussi pour prendre ses distances avec un système qui a sacrifié ses missions d’accompagnement sur l’autel de la rentabilité, et dans lequel elle ne se reconnaît plus. Elle choisit alors de se former pour devenir thérapeute, en s’inspirant de tous les outils glanés au cours des ans pour faire face aux difficultés de ses missions et en se consacrant en priorité aux personnes qui exercent des métiers à forte valeur humaine et qui expérimentent une perte de sens. Son objectif : les aider à retrouver leur discernement et leur faculté citoyenne, autrement dit leur capacité à réfléchir et à s’investir.
C’est par hasard, en se promenant dans son nouveau quartier qu’elle tombe sur une affiche annonçant la création d’un groupe AMAP, et sur la livraison qui avait lieu à ce moment là dans un théâtre. Elle tombe sous le charme de la paysanne (Daphné, ancienne administratrice du réseau) et d’une amapienne (Lucie, salariée du réseau), qui lui expliquent le fonctionnement de l’association. Elle adhère dans la minute. Pas besoin d’essayer, elle n’est pas là pour les légumes, mais pour le projet !
Elle participe à sa première AG, est élue présidente dans la foulée, et s’engage pleinement, notamment en accompagnant le paysan, François, qui peine à transmettre sa ferme, et en œuvrant pour faire prendre conscience aux membres de son groupe, qu’une AMAP, c’est plus qu’un panier. Elle tire de ces deux années, un bilan mitigé : c’est passionnant d’apprendre au sein d’un collectif l’enjeu des relations humaines, c’est frustrant aussi de se confronter à l’inertie d’un groupe constitué autour d’un projet précis et dont les motifs d’engagement divergent. C’est sa participation à l’AG du réseau en 2020, puis les ateliers déconfinés organisés pendant le confinement qui la convainquent de rejoindre le Collectif. Elle a besoin d’un espace dans lequel son investissement vient nourrir un positionnement politique fort sur des sujets de fond.
L’AMAP c’est un projet qui fait sens pour celle qui a vu comment se reconstruit la vie après des catastrophes. L’économie parallèle redémarre tout de suite et les besoins primaires sont les premiers à chercher à se satisfaire, elle raconte ainsi avoir vu des potagers fleurir dans des pneus récupérés. L’humain s’adapte, et l’aide humanitaire est là pour incarner la solidarité et conforter les stratégies de survie. Voilà pourquoi l’accessibilité est pour elle le chantier prioritaire : relancer l’activité économique en zone sinistrée, c’est souvent relancer une activité agricole, pour se réapproprier son autonomie première. Ce que proposent les AMAP c’est aussi une démarche de souveraineté alimentaire, qui nous rassemble et nous relie. Et l’expérience du confinement a rendu les inégalités encore plus criantes, et la nécessité d’agir encore plus urgente.
Sokchearta vient juste d’emménager dans le Sud, près de Salon en Provence, elle a donc quitté son groupe parisien et la présidence, mais elle continue de faire des aller-retours à la capitale pour son travail et a donc décidé de terminer son mandat au sein du Collectif avant d’aller voir ce qui se passe en PACA. On espère qu’elle se plaira là-bas et on se réjouit de pouvoir compter sur elle encore quelques mois !
Par Maud, administratrice du Réseau