30 sept 2022
Les leçons de la terre
Nous publions ici l'article de Cyril, amapien de l'AMAP de Cérès, initialement paru dans la newsletter de cette AMAP. Il fait le lien entre la récolte de patate de son AMAP, la sécheresse et l'urbanisation des terres fertiles du Plateau de Saclay (91).
Les enseignements de la récolte de pommes de terre de 2022
Il y a eu encore une belle participation, dimanche dernier, pour cette 19ème récolte de pommes de terre de l'Amap. Merci encore à tous de faire vivre cette opération depuis tant d'années. Il y a eu une très belle récolte, environ 50 % de plus qu'une récolte habituelle : 20 t/ha au lieu de notre référence de 13 t/ha. Pourtant, nous avons subi un été particulièrement sec, et les média communiquent depuis plusieurs semaines sur l'impact de cette météo estivale avec diminution des récoltes, et des pommes de terre « très petites ».
L'industrie de la frite est en émoi. Le courrier Picard du 26 août nous alerte : « La récolte 2022 de pommes de terre s'annonce catastrophique, en recul d'au moins 20 % par rapport à la moyenne des vingt dernières années, conséquence de la sécheresse historique qui a frappé la France ». Rien de tout cela sur le plateau de Saclay, de belles grosses patates, et un rendement exceptionnel, et toujours sans arrosage.
Même constat sur le maïs : pas d'impact de la sécheresse sur le plateau, et sans irrigation là aussi. Où trouver l'explication ? Un microclimat sur le plateau de Saclay ? Non, il n'y a pas eu de pluie ici plus qu'ailleurs. Ce développement des plants de patates cet été tient probablement à la réserve hydrique remarquable des sols du plateau de Saclay, des limons profonds qui reposent sur une couche d'argile imperméable, constituant ainsi une nappe perchée qui permet de conserver suffisamment d'eau pour ces cultures. Si l'évolution climatique en cours généralise bientôt ces étés secs, il sera toujours bien appréciable de pouvoir cultiver ici sans irrigation et sans mise en danger des rendements. C'est ce que peuvent permettre les terres du plateau de Saclay. Il y a donc urgence à faire reconnaître le caractère de ressource rare et de protéger les sols du plateau de Saclay.
Ce 14 septembre vient justement d'être publiée une tribune dans le Monde : « Le gouvernement doit prendre les mesures qui s'imposent pour sauver les terres de Gonesse et de Saclay ». «Un collectif de personnalités du monde de la recherche et de la culture, dont l'ancien député Cédric Villani et l'écrivaine Marie Desplechin, appelle, dans une tribune au « Monde », au classement des terres fertiles de la région parisienne au Patrimoine mondial de l'Unesco pour empêcher leur artificialisation. »
La formidable récolte de patates de l'Amap en 2022, dans le contexte l'évolution climatique désormais établie, nous invite à redoubler d'énergie pour faire reconnaître, une fois pour toutes, la valeur inestimable de ces sols agricoles du plateau de Saclay, et les préserver.
Une nouvelle marche aura lieu le 22 octobre pour réclamer une meilleure considération des sols fertiles d'Ile de France
Cyril, Amapien de l'AMAP de Cérès (Plateau de Saclay)
Pour aller plus loin :
Si ces articles résonnent, vous pouvez rejoindre d'autres citoyens et amapiens le 22 octobre à une grande marche pour protéger les dernières terres agricoles autour de Paris et de sa banlieue.