29 janv 2021
Carnet de campagne #3 : dans l'ombre des régionales, les élections départementales !
Décryptage : les départementales
Le traitement médiatique relativement important des élections régionales et de la stratégie des candidat.e.s, invisibilise une autre élection toute aussi essentielle : les élections départementales. En Ile-de-France, 7 départements sont concernés (la commune de Paris en est exclue). Selon leur densité et leur découpage, ces départements comptent entre 42 et 50 conseillers régionaux. Depuis les dernières élections de 2015, 5 départements sur 7 sont dirigés par une majorité LR (91, 92, 95, 77, 78). Un département est dirigé par le PS (93) et un autre par le PCF (94).
Les départements n’ont pas de compétences directement liées à l’alimentation, car c’est l’Etat qui a la charge de définir les politiques alimentaires. De la même manière, ils n’ont – a priori - pas de compétence en matière d’agriculture1. Toutefois, les capacités d’actions des départements en matière d’alimentation ou d’agriculture peuvent être efficaces et peuvent contribuer à transformer le territoire, en particulier si ces actions sont coordonnées avec les autres acteurs (les différentes collectivités territoriales du territoire, l’Etat etc.).
En effet, s’ils le décident, les départements peuvent signer des conventions pour travailler avec les chambres d’agriculture et d’autres acteurs de l’agriculture (comme Abiosol)2. Ils peuvent aussi agir sur l’alimentation par le biais des prérogatives en matière de solidarité (l’action social, la petite enfance, le maintien dans l’emploi etc.). Les départements peuvent par exemple choisir de développer des actions de maintien dans l’emploi en finançant des programmes d’accompagnement à l’installation en agriculture ou encore, proposer des actions de solidarité autour de l’accès à l’alimentation biologique par la promotion de circuits courts ou via la commande publique, veiller à la protection du foncier agricole etc. Bref tout un champ d’action en perspective.
Le rôle essentiel des citoyen.nes dont les paysan.nes et amapien.nes
Ces élections connaissent un taux d’abstention de plus en plus élevé. Le taux de participation était particulièrement bas en 2015, en Ile-de-France3. Sur les 7 départements, 5 d’entre eux atteignaient un taux de participation de moins 46% ! La Seine-Saint-Denis détient d’ailleurs le record d’abstention pour la région Ile-de-France (seulement 36% de participation). Les Hauts-de-Seine passent à peine la barre des 46,1%. Seul le département de l’Essonne connait un taux de participation légèrement plus élevé (47,4 %). En moyenne, le taux de participation dans les départements Franciliens s’élève à 43,9%, soit moins d’un électeur sur deux. Ces taux sont nettement plus bas que la participation moyenne nationale en 2015, qui s’élevait à un peu plus 50% et globalement plus bas que les autres élections à la même période (municipales, régionales, présidentielle). Cette année, la crise Covid pourrait accentuer cette tendance à l’abstention.
Pourquoi et comment intervenir ? Comme expliqué plus haut, les départements Franciliens peuvent avoir un rôle, eux aussi sur la transformation des pratiques agricoles, l’augmentation des agriculteurs en bio, notamment s’ils font alliance avec les agglomérations et les collectivités locales. Cet échelon ne doit pas être négligé car le nombre d’agriculteur et d’exploitation diminuent en Ile-de-France et l’accessibilité alimentaire est un sujet primordial et délaissé depuis plusieurs années.
Ce schéma, tiré de l’observatoire de l’agriculture biologique d’Ile-de-France4 montre la répartition des surfaces agricoles biologiques en Ile-de-France.
En petite couronne (92, 93 et 94), seuls 167 ha sont dédiés à l’agriculture biologique, dont 22 ha pour les légumes ! D’ailleurs, il existe de nombreuses mobilisations pour sauvegarder les surfaces agricoles restantes, menacées par l’étalement urbain, et nous les soutenons5 ! Ces luttes sont fondamentales et de plus en plus nombreuses. Il est donc essentiel d’intervenir aussi en amont et faire pression pour que l’agriculture, l’alimentation et l’environnement deviennent une priorité pour les politiques publiques.
Avec le réseau des AMAP nous avons une forte capacité de pression et d’interpellation. Nous sommes présents sur tout le territoire francilien.
En nous coordonnant par département et en mutualisant les stratégies, nous pouvons interpeller les candidats et les pousser à s’engager sur l’agriculture biologique, la protection du foncier agricole, l’installation des porteurs de projets et les pratiques alimentaires en circuit-courts. Cette approche permettrait de pousser les acteurs publics, y compris dans les territoires les plus denses et les plus urbanisés, à s’interroger sur ces enjeux et à réaliser des actions concrètes sur la transformation des pratiques agricoles et l’accessibilité alimentaire.
Si vous souhaitez participer à ce travail d’interpellation sur votre canton, organiser une rencontre ou un débat avec des candidats dans votre département sur l’agriculture et l’alimentation : contactez le Réseau : (ariane@amap-idf.org)
Par Ariane, salariée du Réseau
1 Depuis la loi « NOTRe » les compétences en matière de développement économique et d’agriculture appartiennent aux Régions.
2 Le Réseau AMAP IDF, notamment dans le cadre de son partenariat avec Abiosol, a passé des conventions avec plusieurs départements Franciliens pour promouvoir l’agriculture biologique, pérenniser les espaces agricoles, faciliter l’installation de porteurs de projets en agriculture biologique et en AMAP etc.
3 https://www.insee.fr/fr/statistiques/2134437
4 https://www.bioiledefrance.fr/documents/2020-observatoire-web.pdf (GAB IDF,Observatoire de l’agriculture biologique en Ile-de-France, Chiffres 2018 »
5 http://amap-idf.org/bilan_2019_grands_projets_inutiles_francilie_123-actu_284.php
6 (tableau) Ces chiffres évoluent car ils dépendent de l’auto déclaration des groupes d’AMAP auprès du Réseau régional Francilien.
7 (tableau) Ces chiffres évoluent car ils dépendent eux-aussi de l’auto déclaration des fermes en partenariat AMAP, auprès du Réseau régional Francilien.