30 sept 2021
Dans la série "Le collectif c'est nous ! ", ce mois-ci, Sophie, ou comment trouver sa place dans son champ
Des jeux vidéos au métier de ses parents, "digne de respect"
Sophie vient d’une famille de paysans de Seine-et-Marne. Elle a décidé de partir tenter sa chance à Paris dans la conception de jeux vidéos. Après dix ans passés à batailler pour se faire une place dans le milieu et à s’user les yeux devant l’écran, elle a eu envie de retrouver l’horizon et les champs, et de faire quelque chose d’utile de sa vie. Elle a profité d’un licenciement économique pour sauter le pas et s’inscrire pour obtenir son BPREA (Brevet professionnel de responsable d'exploitation agricole). En fait elle avait déjà le sentiment d’avoir fait un peu le tour de sa profession et elle avait commencé à se former, en prenant du temps sur ses congés et ses RTT. Du reste, elle militait pour Greenpeace et s’inquiétait du changement climatique, et puis elle avait besoin d’une activité plus physique. Enfin elle avait toujours trouvé le métier de ses parents digne de respect.
C’est un autre candidat à l’installation rencontré au Point Accueil Information qui lui a parlé d’Abiosol et elle a commencé avec la formation « De l’idée au projet ». Le reste a suivi : Paysan Demain, la couveuse avec les Champs des Possibles, et enfin le contrat de parrainage avec le GAB. Son mentor ? Laurent Marbot bien sûr (voir son portrait ici !), un pilier du réseau francilien et un parrain idéal. C’est la visite de sa ferme qui a convaincu les parents de Sophie, pour le moins réticents, de la pertinence de son projet. Ayant fait carrière en grande culture conventionnelle, ils ont été forcés de constater que la bio ne signifiait pas une vie de misère et des champs à moitié en friche. Laurent gagne bien sa vie et ses champs sont nickel, ce n’est pas un hurluberlu qui vit dans son tipi, mais un gars sérieux qui donne envie.
De la couveuse à l'installation
Après un an de couveuse chez Laurent, Sophie a établi un partenariat avec un groupe AMAP issu de la liste d’attente de l'AMAP de Laurent à Vanves. Une fois installée, le parrainage de Laurent a permis d’assurer le suivi, et il a continué de lui faire ses plants. C’est quand Laurent s’est présenté comme président du GAB, Groupement des Agriculteurs Bio, qu’elle a décidé d'en devenir administratrice, enthousiasmée par son charisme et ses projets. Pas toujours convaincue par les stratégies adoptées, elle en est sortie au bout de trois ans, mais elle demeure convaincue de la nécessité de s’entraider. Elle connaît les galères de l’installation, les difficultés de compréhension entre les fermes et les groupes. Elle sait qu’elle peut aider sur ces sujets. C’est le sens de son engagement récent au sein du réseau. Pour elle, le modèle AMAP est une solution à tous les problèmes et doit pouvoir éveiller les consciences.
Sophie s’est installée en louant un bout de terrain à ses parents, un champ tout plat avec un puits. Un paysage pas très romantique, mais une page blanche qui semble clamer que tout est possible. Une fois dans son champ, elle a tout de suite su qu’elle était à sa place. Aujourd’hui elle travaille avec une salariée qu’elle vient d’embaucher en CDI. Issue du monde horticole, elle n’a aucune envie de s’installer et se satisfait donc pleinement du statut de salariée après avoir été saisonnière à la ferme deux ans d’affilée.
L’avenir proche, c’est la reprise de la ferme, les terres et les bâtiments, qu’il faut sécuriser en maintenant l’activité agricole.
Il faut savoir que Sophie n’a pas pris de congés depuis son installation, autrement dit depuis 2017 ! Pour le moment, elle cherche à lisser le travail, en se synchronisant avec les congés de sa salariée, et en essayant de se dégager du temps, une demi-journée de temps en temps. Longue vie à la ferme de Sophie, que l’on remercie pour son investissement !
Par Maud, administratrice du Réseau AMAP IdF