14 déc 2023
Contamination des œufs : distinguer les poulaillers domestiques et professionnels !
A l’heure actuelle, l’Agence Régionale de Santé (ARS) recommande d’éviter la consommation régulière d’œufs de poule d’élevages domestiques situés dans les 410 communes constituant l’unité urbaine de Paris[1] même si l’étude de l’ARS ne porte que sur 25 sites.
Recommandations concernant les poulaillers domestiques :
L’étude réalisée sur 25 poulaillers domestiques démontre une contamination généralisée des sols et des oeufs de poules d’élevages domestiques (à Paris et dans les départements de la petite couronne) par les « POP », les polluants organiques persistants (dioxines, furanes, polychlorobiphényles, substances per- et polyfluoroalkylées- PFAS).
Figure 1 : Carte présentant les 410 communes (en orange) qui doivent éviter la consommation régulière d’œufs de poules d’élevages domestiques [2]
La consommation ponctuelle d’œufs (moins d’une fois par semaine) issus de poulaillers domestiques situés dans ces départements reste envisageable, mais particulièrement non recommandée pour les personnes à risque.
Spécificités des élevages domestiques : alimentation, durée de vie, qualité des sols
L’étude de l’ARS porte seulement sur les poulaillers non professionnels, chez des particuliers, des jardins collectifs ou des fermes pédagogiques. La recommandation de l’ARS ne concerne donc que ces types de poulaillers pour lesquels les pratiques d’élevage peuvent être très hétérogènes, l’alimentation des poules plus ou moins équilibrée (conduisant alors les poules à rechercher plus systématiquement dans le sol le complément de leur alimentation) et les contaminations des sols également très diverses.
De plus, les poules domestiques sont gardées plus longtemps que les poules professionnelles (5 ans en moyenne contre un 1 an ou 1,5 an et demi mois pour les poules pondeuses professionnelles). L’accumulation des polluants organiques persistants augmente avec la durée d’exposition aux polluants. Ainsi, une poule présente depuis plusieurs années dans un poulailler a plus de risque d’être contaminée qu’une poule présente seulement depuis quelques mois.
Elevages professionnels : des volailles moins exposées aux risques
C'est pour ces raisons que les poulaillers professionnels en milieu rural ne sont pas concernés : les sols ne sont pas pollués, les poules restent moins longtemps sur les fermes et mangent dans des mangeoires à l’intérieur des poulaillers.
Enfin, les œufs commercialisés font l’objet de contrôles du respect de la réglementation européenne portant sur les denrées alimentaires. Les conditions d’élevage professionnel permettent également de mieux maîtriser les expositions des volailles. Les contrôles menés au niveau national par les services déconcentrés de l’Etat dans les élevages professionnels (la DRIAAF en Ile-de-France) n’ont mis en évidence aucun dépassement des seuils réglementaires applicables aux œufs parmi les centaines d’élevages contrôlés au cours des 5 dernières années.
Si vous êtes éleveur·euses ou bénévole d’AMAP en partenariat avec un·e aviculteur·rice que vous avez des doutes sur l’historique de vos terres et que vous êtes dans la zone concernée, vous pouvez faire faire des tests des polluants cités par l’ARS par une entreprise spécialisés. Ces tests étant relativement coûteux, éleveur·euses et amapien·nes peuvent choisir de partager ses frais afin de rassurer les amapien·nes sans mettre en difficulté l’élevage.
Lucie, salariée du Réseau AMAP IdF
[1]ARS, Contamination des œufs de poules par des polluants organiques persistants : étude dans 25 poulaillers en Île-de-France, 22 novembre 2023 - https://www.iledefrance.ars.sante.fr/etude-contamination-oeufs-polluants-organiques-persistants
[2] Découpage administratif d’Ile-de-France, Unité urbaine de Paris https://santegraphie.fr/mviewer/?config=apps/administratif.xml#
