13 sept 2024

La météo des champs

Malgré un ensoleillement et des températures proches des valeurs normales de saison cet été, la météo reste un sujet préoccupant sur les fermes, notamment pour celles qui ont été touchées par les fortes averses orageuses. Difficile aussi de rattraper le manque de soleil des mois précédents. Voici le retour de quelques paysan·nes sur leur moral, les actions mises en oeuvre dans les champs.

Le moral est meilleur qu’au moins de juin. Garder le cap, car la saison n’est pas encore finie. Une petite accalmie s'est amorcée en septembre, ce qui annonce une grosse charge de travail en octobre pour les récoltes. Chacun·e a essayé de faire face au mieux à une situation météorologique de nouveau exceptionnelle.

Pour remplanter et surtout beaucoup désherber, plusieurs fermes ont embauché de la main d’œuvre supplémentaire :« Ça a rendu les choses moins douloureuses ». D’autres ont augmenté leur temps de travail pour replanter les semis d’automne qui ont été détruits par limaces et/ou pluie. Ceci n'avait pas été possible pour les plants d’été, car préparés à partir de mars, ils mettent jusqu’à 2 mois avant d’être prêts à planter en pleine terre.
Ils partagent que la saison ne sera pas « si catastrophique » mais au prix de beaucoup d’heures de travail. Quelques fermes m’ont partagé qu’il y a eu du soutien entre paysan·nes.

Plusieurs producteurs ont quand même pu partir en vacances quelques jours !

Est-ce que l’impact de la pluie se fait encore sentir en septembre ?

Des paysan·nes trouvent que la pression des limaces est plus faible, mais encore présente. Certain·es sont encore obligés de faire des sorties nocturnes en cas de pluies pour ramasser ces ravageurs de cultures. Par exemple, les lignes de laitue sont encore parsemées de trous.

Les maraîcher·ères trouvent que les paniers d’été ont été relativement beau (ouf !) avec l'arrivée des légumes-fruits (poivron, tomates, etc.), mais qu’il y a eu moins de profusion que les années précédentes (2 kg de tomates alors qu'on peut atteindre 4kg certaines années…).

Nous sommes malheureusement déjà en septembre, les journées sont moins longues et les nuits sont plus froides, les solanacées vont mettre plus de temps à mûrir. Certains pieds de tomates ont le mildiou !
Les melons et les pastèques pâtissent du manque de chaleurs quand ils n’ont pas été dévorés par un escargot… Les concombres qui avaient des pucerons ont aussi eu du mal à repartir. 

Mildiou

cette maladie est due à un champignon qui se développe principalement par temps humide lorsque la température oscille entre 17 et 25°C. Les alternances d'épisodes pluvieux et d'épisodes de chaleur orageuse correspondent aux conditions idéales pour que le mildiou se développe. Une fois que la plante est malade, il faut très vite agir (couper les feuilles attaquées, traiter…) pour réduire au maximum la contamination entre plantes.

Et les légumes d’automne/hiver

Soleil et pluie en alternance permettent de ne pas trop gérer l’arrosage, mais profite aux « mauvaises » herbes. Lorsqu'on n'est pas à jour avec le désherbage, il est difficile de rattraper son retard : c’est l’herbe qui nous rattrape.

La météo de l'été est positive pour les légumes d’automne/hiver. En effet, une fois qu’ils sont implantés, ils se développent bien : choux, carottes, radis noir, navets…
Par exemple, les crucifères (les choux...) se portent très bien. Ils ont échappé aux altises cette année, ces petits insectes sauteurs se multiplient particulièrement en période de sécheresse et peuvent détruire massivement les planches de choux. Plusieurs paysan·nes ont quand même dû ressemer leurs planches, car les gros orages avaient détruit les semis précédents. Une charge d’achat supplémentaire pour la ferme.

Les courges se portent bien également. Certaines fermes vont même commencer à les ramasser pour les stocker.  Leur plantation s’est faite parfois dans des conditions humides en juillet, certain·es maraîcher·ères ont peur qu’il y en ait moins. À voir !

Côté oignons, échalottes et pommes de terre, le constat déjà partiellement partagé en juin reste unanime : il n’y aura pas ou très peu dans vos paniers. Ils sont tombés malades (encore le mildiou). Certaines fermes n’ont même pas récolté la quantité plantée en bulbilles. Nous vous avions déjà parlé de la rouille sur l’ail en juin (Lire l'article précédent).

Petit à petit, les solanacées laissent la place aux légumes feuilles dans les serres. Pour conclure, il est encore difficile de calculer l’impact économique des aléas de l’année en cours. Le bilan pour les fermes sera économique, mais a été aussi impactant moralement et physiquement.

Côté céréaliers-transformateurs, les moissons très tardives (en août) n'ont permis de récolter qu'à peine la moitié du rendement attendu en moyenne. La qualité des grains est plutôt bonne ce qui devrait assurer une bonne qualité de farine, et de pain, pâtes, huile par la suite ! Le manque à gagner se fera principalement sur les céréales brutes que les paysan·nes ne pourront pas vendre à la coopérative.

Tout n'est pas encore joué sur l'automne / hiver... Restons sur le qui-vive !

Nos conseils restent les mêmes qu'en juin : communication et empathie avec les producteur·trices. Attention aux commentaires trop sévères sur les paniers, les retours négatifs à chaud sont douloureux à entendre en cette période. Attendez, par exemple, la réunion de bilan pour le faire et soyez à l'écoute de ce qu'ont vécu les paysan·nes cette année !

Par Lucie, salariée du Réseau AMAP IdF

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