29 janv 2021
Ma cantine en circuits-courts : la suite !
Des cantines bio et locales en Ile-de-France, il commence à y en avoir quelques-unes... Mais approvisionnées par une ferme municipale, voici que l’on s’approche de nos désirs les plus réjouissants pour « monde d’après » qu’on appelle de nos vœux...
C’est à Varennes-sur-Seine en Seine et Marne, à 80 km de Paris que ce projet est en train de se réaliser.
Récit d’un compagnonnage expérimental et efficace qui a permis à ce projet prometteur de voir le jour
En 2017 le projet « Ma cantine en Amap » est lancé : une expérimentation menée avec la commune de Morêt-Loing-et-Orvanne (Seine-et-Marne) pour approvisionner les cantines avec des partenariats paysans-école. Enjeu de taille : transposer la Charte des AMAP à la restauration collective ! Au-delà d'assurer un approvisionnement local et bio, l'accompagnement a porté sur la mise en œuvre d'un projet pédagogique dédié à l'alimentation au sein de l'école (le récit en image de cette aventure est disponible ici).
L'implication de l'ensemble des acteurs investis dans la production, fabrication et consommation des repas (équipes de cuisine, équipe éducative, animateur·rice·s de cantine, parents, amapien·ne·s du territoire, paysan·ne·s et élu·e·s) a permis de mener collectivement l’expérimentation. Un comité de pilotage regroupant les représentants de chacune des parties prenantes a été créé pour mettre en œuvre un travail de concertation et de co-décision.
Le projet a bénéficié du soutien du Leader 77 qui fort de cette première expérimentation concluante décide d’appuyer un nouveau projet en lançant en 2018 un Appel à Manifestation d’Intérêt. La candidature de Varennes-sur-Seine est retenue : un nouvel accompagnement commence avec le Réseau AMAP Ile-de-France. L’enjeu est de redonner la main à l’équipe de cuisine et à la mairie sur l’approvisionnement de la cuisine centrale (350 couverts) et la fabrication des menus jusqu’ici délégués à un prestataire. Les premiers produits bio et locaux sont livrés par le maraîcher, l’arboriculteur et l’éleveuse ovine locaux et l’équipe de cuisine bénéficie d’une formation du GAB (Groupement des Agriculteurs Biologiques) pour remettre à l’honneur produits bruts et de saison dans les assiettes : fabrication des menus, méthodes de cuisson, introduction des protéines végétales...
Tout ceci, vous en avez peut-être déjà entendu parler dans nos lettres d’infos. Mais le projet ne s’arrête pas là ! Après de nombreux échanges avec l’équipe municipale, l’idée émerge fin 2018 de trouver du foncier disponible sur la commune pour permettre une installation agricole dont une partie des cultures serait destinée à la cuisine centrale.
2018 : changement d'échelle. L'installation agricole s'invite dans le projet
Avec l’accompagnement de Terre de liens Ile de France, un diagnostic foncier permet d’identifier les parcelles les plus adaptées au projet. 7 ha à la lisière de la ville sont repérés et un dialogue avec le céréalier les exploitant est noué. Une procédure d’indemnisation est lancée auprès du fermier favorable au projet et la mairie récupère les parcelles au printemps 2019.
Une longue phase de travail d’expertise commence aux côtés des élus et agents de collectivités référents sur le projet : diagnostic de sol, étude technico-économique pour chiffrer les besoins de la cuisine centrale, étude de faisabilité d’un forage, préfiguration de l’implantation des bâtis, recherche de financements. A l’issue de cette étape la mairie décide d’investir dans le bâti agricole, le forage les clôtures et la construction d’un logement pour les futur·e·s maraîcher·e·s.
Un appel à candidature est lancé en mai 2020 pour trouver les porteur·euse·s de projet dont le profil, les compétences et l’expérience seraient les plus en adéquation avec le cahier des charges établi pour la réalisation du projet : mise en culture de légumes bio avec possibilité de diversification (fruits, élevage avicole, apiculture...) pour partie destinés à la cuisine centrale, une ouverture de la ferme aux habitant·e·s de la commune, une petite parcelle destinée au public scolaire pour la mise en œuvre d’un projet pédagogique en lien avec les écoles, collège et lycée de la ville.
Marie et Gaël, les futur·e·s maraîcher·e·s de la ferme de la Closeraie
Après étude des candidatures et entretiens avec les candidats, Marie et Gaël sont choisi·e·s par le jury pour devenir les maraîcher·e·s de la Ferme de la Closeraie. Non issu·e·s du milieu agricole mais outillé·e·s grâce à de solides formations (BPREA maraîchage) et du salariat agricole en binôme, ils ont été accompagné·e·s par Abiosol tout au long de leur parcours de reconversion. Le jury a été particulièrement convaincu par l’approche environnementale et territorialisée de leur installation.
Vient l’étape de la mise à bail : un BRE (Bail Rural Environnemental) sera signé début novembre et les premières cultures sont prévues pour le printemps 2021 !
Belle illustration d’une dynamique territoriale alliant collectivités, citoyen·ne·s et associations
Le tout dans une démarche de co-construction qui a largement démontré son efficacité... Ces projets ont bénéficié d’un fort soutien des financeurs publics (Leader, ADEME, Région) ce qui démontre le vif intérêt porté par les institutions pour ce type de démarche.
Reste à essaimer, passer de l’expérimentation à la diffusion tout en restant prudent sur la « modélisation » : chaque territoire a ses spécificités et ses jeux d’acteurs. De nouvelles modalités d’installation émergent : mise à disposition des terres et/ou investissements pris en charge par une collectivité, maraîchage municipal. L’enjeu est d’en mesurer les impacts économiques mais également sociétaux pour s’assurer que notre démarche de soutien à l’agriculture paysanne, solidaire et écologique y trouve bien sa place.
Nos structures portent une grande attention au suivi de ces expérimentations tout en veillant dans leur accompagnement à la mise en œuvre d’un dialogue constructif où les citoyen·ne·s trouvent leur place.
Par Hélène Béchet, coordinatrice de Terre de Liens IDF