8 avril 2024
"Les légumes de saison" - une ferme en 100% AMAP et traction animale
Dans le cadre de l’accompagnement à l’installation Abiosol, des visites de fermes sont proposées une fois par mois. En mars, direction Villepreux (78) avec une vingtaine de porteur·euses de projet pour rencontrer Clément, parler de son parcours à l’installation, de ses choix techniques et de ses AMAP.
Voici l'histoire de sa ferme "Les légumes de saison" !
Une installation mûrement réfléchie
En 2018, Clément s’est installé en maraîchage avec traction animale sur une parcelle, à Villepreux (78) déjà cultivée en bio avant son acquisition. Aujourd’hui, il est propriétaire de 10 hectares répartis de part et d'autres de la route. Un bâtiment devrait enfin sortir de terre en 2024 après plusieurs années d’attente car le site est classé sur la Plaine de Versailles.
Avant de s’installer, Clément a travaillé pendant presque dix ans dans d’autres fermes. Il a présenté son projet à la mairie de Villepreux dès 2016, et postulé à l'acquisition d'un terrain en 2017. Dès le début, avant même que des légumes ne sortent de terre, un groupe d’amapien·nes ont souhaité soutenir le projet du maraîcher à Villepreux. Ses premiers paniers ont été distribués en juillet 2018, quelques mois après son installation.
Sur ses parcelles, environ 4 ha sont réservés au maraîchage (plein champs et espaces sous serres), 3,5 ha pour les chevaux et 2 ha pour les céréales.
A propos des chevaux
Pendant un an et demi, Clément a utilisé ses chevaux régulièrement sur ses parcelles, principalement pour la livraison des paniers, et l’entretien et le désherbage des parcelles. Il s’est vite rendu compte que ça lui demandait beaucoup trop de temps alors qu'il manquait de main d’œuvre coté maraîchage. Le maraîcher a quand même voulu garder la traction animale et, grâce à un de ses amis des Calèches de Versailles, des chevaux réalisent une partie des travaux des champs. Il a cherché de la main d’œuvre pour s’occuper spécifiquement de la traction animale et des chevaux, mais il n’a jamais reçu de candidature. Clément souligne que la traction animale est un double investissement : en plus des outils attelés aux chevaux, il faut aussi un tracteur avec d’autres outils. Les chevaux lui manque énormément. Lorsqu’il aura stabilisé sa production, il réfléchira à reprendre des chevaux, ou peut-être des ânes.
Du maraîchage diversifié biologique
Clément a développé un système de culture uniformisé pour des questions de praticité avec des planches de 50m x 1,50m en extérieur. Il lui semblait essentiel d’y introduire des bandes fleuries tous les 18m.
Les serres font 40m de long, il conseille de ne pas prendre plus grand, car il faudrait des ouvertures latérales, ce qui augmente le prix des serres.
Il fertilise avec du fumier de mouton de la ferme de Grignon, épandu à la main dans les serres.
L'eau est une des grosses charges sur la ferme car le forage n’est pas assez performant et il utilise l'eau de ville en complément pour irriguer ses cultures.
Clément produit 60 types de légumes sur l’année, avec en moyenne 3 variétés par légume. La plupart de ses semences sont des F1 pour plus de régularité et de sécurité dans la production.
En complement de deux tracteurs avec les outils classiques de maraîchages, il emprunte du plus gros matériel pour l’extérieur.
Le manque de salariés
Clément a des difficultés à recruter des salariés, comme beaucoup de ferme en Île-de-France. Tiffany, sa compagne, l’a rejoint en 2020. Elle a été conjointe collaboratrice et est maintenant salariée de la ferme. Pour que la structure tourne bien et qu'ils ne courent pas après le temps, il faudrait qu’il soit 4: il manque un permanent et un saisonnier pour 2024. Actuellement, il y a un auto-entrepreneur, mais il part dans un mois.
Les AMAP en soutien depuis le début
A la ferme des Légumes de saison, la commercialisation se fait en 100% AMAP et ce, depuis le début. Il a commencé avec 50 paniers quand il s’est installé, puis est monté à 150 paniers avec les chevaux. Aujourd’hui, il a 3 AMAP à moins de 8km de la ferme, l’équivalent de 166 paniers à 26 euros (entre 9 et 14 produits sur 52 semaines). Une AMAP s’est créée pour son installation et les 2 autres sont venues le chercher ensuite (L’Etang-la-Ville et Noisy-le-Roi).
Lors de son installation, il voulait faire du circuit-court. Il ne savait pas ce que c’était une AMAP. Ce sont les citoyens de Villepreux qui l’ont sollicité. Clément trouve cela vraiment intéressant : "c’est un soutien financier et humain qui est énorme !".
Clément réfléchit chaque semaine à la composition du panier, pour qu’il soit équilibré, que les légumes ne reviennent pas forcément plusieurs fois de suite comme les fenouils, les choux… Il souligne que le planning de production en AMAP est très différent d’une production au marché !
Pour conclure
"Être maraîcher, c’est dur et c’est technique" : tous les jours, il faut être dehors et c’est mal payé. Pour Clément, le salaire n’est pas le plus important mais c’est important de vivre… par-dessus tout, il aime ce qu’il propose aux consommateur·trices.
Depuis son installation, il n’a pas pris plus d’une semaine de congés. Il trouve que la gestion avant et après les vacances est trop compliquée. Il a conscience qu’il va devoir mettre ça en place car il souhaite passer des vacances en famille dans les années à venir. En Île-de-France, le service de remplacement est quasiment inexistant.
Le physique et le mental, ça se travaille mais il faut être bien entouré et persévérant. Tiffany et le père de Clément ont été d’une grande aide ! Il pense aussi que c’est très important de connaître ses voisins et avoir des liens avec le réseau local. Il est adhérent de l’association de la Plaine de Versailles : ils se donnent des coups de mains et s’empruntent du matériel avec les agriculteurs voisins !
par Lucie, salariée du Réseau