28 fév 2022
Renouvellement des contrats : des bonnes pratiques à partager
Depuis plusieurs mois, les AMAP franciliennes rencontrent des difficultés nouvelles pour atteindre le nombre d'adhérent·es nécessaire à la viabilité de leurs fermes partenaires (plus d'infos sur les constats dans le précédent article).
Mieux s'organiser pour atteindre le bon nombre de paniers nécessaires à notre paysan·ne
A partir des échanges avec amapien·nes et paysan·nes, une fiche a été réalisée avec les bonnes pratiques recensées pour anticiper et mieux organiser le renouvellement des contrats.
Comment enraciner les amapien·nes dans l'AMAP dans le temps long ? Comment mieux communiquer autour de soi sur notre AMAP ? Comment prendre en compte les contraintes individuelles qui freinent l'engagement de certain·es ?
Toutes les réponses sont dans cette fiche à télécharger (cliquer sur l'image) !
Faire face à l'urgence lorsque les paniers manquent
Malheureusement, parfois malgré une bonne organisation et anticipation, des paniers viennent à manquer alors que les contrats ont déjà démarré. Comment faire face à ce manque qui vient mettre en péril les fermes partenaires de votre AMAP ?
Avant tout, il s'agit d'échanger avec les paysan·nes partenaires pour :
- Comprendre leurs besoins en termes de panier
- Estimer le nombre de contrats qui pourrait être signés au cours des mois
- Anticiper les impacts de ce manque de contrats, et donc de ressources financières, sur la ferme (impossibilité d'embaucher un·e salarié·e, de se rémunérer, de rembourser un prêt, d'investir dans l'outil de production etc.)
- Voir si d'éventuels autres débouchés pourraient permettre de combler ce manque
- Communiquer auprès des autres amapien·nes sur la gravité de la situation et les inviter à se mobiliser pour soutenir leurs paysan·nes.
Ensuite, plusieurs modalités peuvent être envisagées pour combler le manque de panier :
- Avant la période de signature des contrats :
- Vous pouvez augmenter légèrement le prix et le contenu du panier, ou bien prévoir plus de semaines de livraison sur la saison.
- Vous pouvez proposer aux amapien·nes dans le contrat de donner un supplément financier pour la ferme en plus du règlement de leur part de récolte.
- Dans certaines AMAP, quelques amapien·nes signent des contrats sur un mois pour une part de récolte qu'ils revendent à des personnes extérieures chaque semaine le temps de trouver quelqu'un pour reprendre le contrat sur l'année. Cela permet au moins de garantir la vente de paniers sur ce mois.
- Si l'AMAP a des fonds de trésorerie, elle peut éventuellement signer un contrat avec la ferme d'un ou plusieurs paniers, pour ensuite donner le(s) panier(s) à des personnes en difficultés financières chaque semaine.
- Vous pouvez proposer des « paniers tests » à des personnes extérieures pour leur permettre de commander une semaine à l'avance un panier à votre paysan·ne. A Vanves, l'AMAP a mis en place un contrat à remplir sur internet automatiquement pour faciliter la gestion de ces paniers. Ce dispositif doit être couplé d'actions de communication pour être vraiment efficace.
- Vous pouvez lancer une cagnotte pour proposer aux amapien·nes (mais pas que) de soutenir financièrement la ferme face au manque de trésorerie qu'elle rencontre.
Malgré tout, ne pas oublier les principes AMAP !
Ces propositions ont pour but de répondre à une situation d'urgence pour vos fermes partenaires. Il est donc indispensable d'insister sur leur caractère exceptionnel et temporaire auprès des amapien·nes. Le cadre juridique et éthique propre au modèle AMAP doit être respecté :
- L'AMAP ne doit surtout pas acheter des paniers puis les revendre (elle se positionnerait alors en intermédiaire commercial, avec les risques de fiscalisation que cela engendre).
- Dans la mesure du possible, les paniers doivent être payés en amont du jour de distribution et faire l'objet d'un contrat.
Même dans l'urgence, il est primordial de ne pas être dans la culpabilisation des amapien·nes et de respecter les différences de disponibilité des un·es et des autres. Il s'agit tout de même d'une opportunité pour redonner du sens à l'engagement d'amapien·nes, ressouder le groupe et agir collectivement pour soutenir vos paysan·nes.
Paysan·nes comme amapien·nes, n'hésitez pas à solliciter la collectivité sur laquelle est installée votre ferme ou votre distribution AMAP pour qu'elle vous aide à communiquer sur votre recherche de membres ou qu'elle vous mette en relation pour d'éventuels autres débouchés.
Enfin, pour limiter la recherche de nouveaux amapien·nes l'année suivante, vous pouvez mettre en place un dispositif de paniers solidaires pour proposer des paniers à un prix réduit pour des personnes aux revenus plus limités. Plusieurs dispositifs existent : financement de paniers par la mairie, partenariat avec un centre social, modulation du prix en fonction des revenus etc. N'hésitez pas à contacter Noëmie, salariée du Réseau AMAP IdF en charge des projets d'accessibilité en AMAP, pour être accompagné !
Soyons vigilant ensemble à la situation de nos paysan·nes !
Nous appelons les amapien·nes à faire preuve d'une grande vigilance concernant la situation de leurs paysan·nes partenaires. Certain·es paysan·nes font face à un manque de paniers sur plusieurs de leurs AMAP ce qui peut représenter jusqu'à un tiers de leur chiffre d'affaires annuel en moins. Cela équivaut parfois à leur rémunération sur l'année ou à l'embauche d'un·e salarié·e nécessaire au vu de la taille de la ferme. Attention, la diminution du nombre de contrats avec le·la maraicher·ère impactera aussi fortement les autres paysan·nes (arboriculteur·rices, éleveur·euses etc.) qui risquent de ne plus avoir suffisamment de contrats pour rentabiliser leur déplacement.
Face à cette réalité, il est certain qu'ils·elles auront besoin d'une présence renforcée des amapien·nes à leur côté. Alors organisez dès à présent les prochains ateliers pédagogiques pour les soutenir et fêter le lancement de la nouvelle saison ! Pour les référent·es des paysan·nes, prenez régulièrement des nouvelles de vos paysan·nes. Si leur situation vous semble très compliquée, n'hésitez pas à les inviter à contacter Lucie ou à nous alerter directement en contactant Astrid.
Par Astrid, salariée du Réseau AMAP IdF