30 sept 2021
Et dans tes champs, ça va comment ?
Cette rubrique n’a pas pour objectif de donner LA météo des paysan·ne·s en AMAP mais bien UNE météo. Parce qu’entre le nord du Val d’Oise et le sud Essonne, la météo n’est pas forcément la même, parce que des champs argileux en pente, et des champs sableux sur terrain plat n’accueillent pas la pluie de la même manière.
Ce mois-ci, la météo des champs file tout d'abord en Seine-et-Marne, à Boutigny, sur la ferme maraîchère et pédagogique d'Aurélia et Christophe Opoix. Nous irons ensuite à la rencontre d'une production très spécifique, dans les Yvelines, à Longvilliers, à la rencontre de Cécilia Aguirre, qui produit des plantes tinctoriales et aromatiques.
Coté Seine et Marne avec Aurélia et Christophe
Christophe et Aurélia Opoix sont maraicher.e.s bio à Boutigny. Au sud de Meaux, entre la Marne et le Grand Morin, s’étend un plateau humide, ou Brie des Etangs. Ils se sont installés en 2009 et ont livré leurs premières parts de récolte en AMAP dès 2010. Ils ont 10 hectares de terre avec 4ha en maraichage, 2ha en verger et le reste en prairies. Ils ont aussi accueilli deux ânes et un poulailler.
Comment ça va dans les champs ?
L’activité est encore dense chez les maraichers au moins de septembre et il faut chaque semaine continuer à préparer les paniers - 3 fois par semaine à la ferme des Grands Prés.
La saison 2021 est difficile mais différente des deux dernières : humide ! Ils n’arrivent pas à finir de récolter les pommes de terre, il pleut à chaque fois qu’ils s’y mettent. Les Opoix ont fait appel aux amapien·ne·s pour les aider mais ils ont dû rester une partie de la journée abrités. Le ramassage est beaucoup plus long car il faut les frotter et enlever la terre avant de stocker les pommes de terre.
Les poivrons commencent seulement à mûrir, et il y a moins de tomates que les années précédentes. De façon globale, aux Grands Prés, les productions sont en retard, ont subi des attaques de pucerons ou des maladies. Ils ont eu recours à la lutte intégré avec des larves de chrysope et des californicums.
Dans les semaines à venir, ils vont semer les mâches mais surtout finir de récolter les pommes de terre, les oignons, puis les courges. Ils devraient arriver à souffler un peu début décembre !
Et le moral ça va ?
Quand on demande à Christophe et Aurélia comment ils vont ? Ils rigolent ! Ils ont fait face à beaucoup de coups durs ces derniers mois et ils arrivent pourtant à en rire. La totalité de leurs poules ont été volées (ils ont pu, grâce à la solidarité des amapien·ne·s et citoyen·ne·s du village, racheter des poules et investir dans un système de surveillance). Une partie des terres qu'ils venaient de semer a été lessivée par les fortes inondations très localisées en juin et juillet. Et comme la plupart des maraîchers cet été, une vraie course contre la montre contre le désherbage s'est engagée avec le combo pluie+chaleur.
Comment s’annonce la saison à venir ?
Aurélia et Christophe avaient un peu peur de n’avoir que très peu de légumes de garde mais ils sont finalement confiants. L’eau a profité à certaines cultures ! ouf ! Il y aura de beaux navets boules d’or, des courges, des poireaux, des céleris et des pommes de terre. C’est les carottes et les betteraves qui seront aux abonnées absentes à cause des inondations, toutes les graines ayant été emmenées par la pluie.
Au sein du Parc Naturel Régional de la Haute Vallée de Chevreuse avec Cécilia
Cécilia s’est installée en 2017, en tant qu’agricultrice à Longvilliers sur 3 hectares pour produire des plantes tinctoriales et des plantes aromatiques. Mike l’a rejoint dans l’aventure il y a un an.
Son premier contrat AMAP tinctoriale a démarré en 2019 (Tinctilis est la première AMAP tinctoriale et non alimentaire en France). Cécilia est double active, restauratrice de Textiles en hiver et paysanne en été, l’équilibre a trouvé entre les deux activités n’est pas simple, le temps manque à Cécilia.
Comment ça va dans les champs ?
Dans les champs de Cécilia, il y a de la gaude, des cosmos, de la persicaire à indigo et de la garance. ça sera pour cette dernier, sa première récolte cette année (il faut trois ans pour que les racines se développent). Toutes ces plantes grâce à leur racine, leurs feuilles ou leurs fleurs permettent de teindre des textiles.
Cette année, tout a poussé, mêmes les adventices ! Les lapins aussi se sont beaucoup reproduit et ont décidé de s’en prendre aux cultures de Cécilia. Des voiles ont été placés sur les planches en mandala ainsi qu’a l’entrée de la serre pour qu’ils ne détruisent pas tout, mais cela n’a pas été suffisant...
* Jardins en mandala : organisé en cercles concentriques à l'image des mandalas bouddhistes.
Et le moral ça va ?
Cécilia est fatiguée, elle sent qu’elle tire sur corde, elle n’a pas pris de repos depuis un an. Elle se rend compte que de jongler entre les deux activités c’est compliqué. Pour l’instant l’activité de la ferme ne lui assure pas un revenu.
Cécilia n'est pas complétement satisfaite de sa saison, la météo et les lapins n’ont pas été sympa pour les cultures. Elle a investi plus d’énergie que les années précédentes pour avoir le même résultat, voir moindre pour certaines plantes (cosmos et pesricaire). C’est la fin de saison et même si la récolte de persicaire n’a pas permis d’obtenir suffisamment de pâte d’indigo pour les quantités prévues pour l’AMAP, Cecilia est contente de voir ses efforts techniques porter leurs fruits car son bleu d’indigo et de plus en plus beau ! C’est un processus quasi « alchimique » que d’extraire un pigment bleu d’une plante verte, et un savoir faire qui demande de l’humilité et du temps...
Comment s’annonce la saison à venir ?
Dans les mois qui viennent, Cécilia va récolter les graines de persicaire, de garance.. pour faire ses plants l’année prochaine. Elle va aussi récolter les racines de garance en novembre et le sorgho bicolore, un test pour avoir un rouge-brun. Viendra le temps du séchage, de la mise en sachet, de la vente. Viendra aussi le temps du repos des champs.
Par Lucie, salariée du Réseau AMAP IdF