Cet été, trois amapiennes de Consom'solidaires (Paris 13è) ont participé au Festival Les Résistantes sur le plateau du Larzac... Elles nous racontent leur expérience festive et engagée !

Nous sommes trois amapiennes membres d'une AMAP historique située dans le 13e arrondissement de Paris. Notre amitié est née de notre engagement commun en faveur de l'agriculture paysanne. Après nos réunions du conseil d'administration de l'AMAP, il nous arrive souvent de nous retrouver pour partager un verre et un repas. Plus tôt cette année, nous avons manifesté ensemble à Sainte-Soline contre les méga-bassines, et nous avons convenu de nous retrouver pour le Festival Les Résistantes sur le plateau du Larzac, un lieu emblématique de la résistance et de la lutte. Car pour nous, s'amuser ensemble ne s'oppose pas à notre engagement.

Une ambiance engagée et festive

Laure et Joanna sont arrivées dès le jeudi. Sur le trajet, chacune d'entre nous a souligné les conférences et les ateliers qui nous intéressaient. Une fois installées, nous sommes passées par l'accueil, confirmant ainsi notre première impression : ce festival offre une programmation riche et variée. Malgré le vent qui soufflait sur le plateau, nous avons ressenti un soutien fort des citoyens urbains, similaire à ce que nous avions vécu à Sainte-Soline. En effet, nous n'avons pas cessé de croiser des amis. Dès le premier jour, nous avons savouré l'ambiance festive et, après les conférences, en sirotant un verre de vin nature, nous avons assisté à une pièce de théâtre retraçant l'histoire des luttes du Larzac, ce qui nous a parfaitement plongées dans l'atmosphère du festival.

Des thèmes importants pour les AMAP

La Sécurité sociale alimentaire (SSA)

Le deuxième jour, nous avons assisté à une conférence gesticulée sur la sécurité sociale alimentaire animée par Mathieu Dalmais. Il s'agissait d'un moment à la fois ludique et pédagogique, visant à démontrer comment le système d'aide alimentaire renforce la précarité alimentaire, ainsi que comment l'introduction de la sécurité sociale alimentaire (SSA) peut changer la donne. La SSA nous intéresse particulièrement, car en tant qu'amapiennes engagées, nous sommes conscientes que tout le monde ne peut pas s'engager dans une AMAP, notamment pour des raisons financières. En tant qu'AMAP historique, nous avons déjà mis en place le dispositif des paniers solidaires, mais la SSA pourrait nous permettre d'aller encore plus loin.

Le lendemain, nous avons participé à une table ronde sur la SSA au chapiteau Salamandre : un moment collectif où les bases sociales, démocratiques et équitables du projet SSA ont été posées. Nous avons été enthousiasmées d'entendre les témoignages d'expérimentations concrètes à Montpellier et à Cadenet. À Montpellier, le projet SAA prend la forme d'une carte similaire à la carte vitale, associée à une monnaie locale. Chaque citoyen dispose de 150 euros par mois à dépenser sur les marchés et dans les magasins conventionnés. C'est une solution potentielle qui suscite un grand intérêt parmi les amapiennes, car la SSA permettrait à la fois de nourrir l'ensemble de la population de manière adéquate et de garantir une rémunération équitable pour les producteurs. La SSA pourrait-il renforcer le fonctionnement des AMAPs ? Actuellement, nos maraîchers sont confrontés à l'inflation et à la perte de paniers.

L'eau à l'honneur

Pendant ces quatre jours, nous avons été profondément touchées par les rencontres et les différentes formes de luttes liées à la paysannerie, car la préservation de la culture paysanne va au-delà d'un panier de légumes. La lutte contre les méga-bassines, par exemple, vise à protéger les ressources de l'agriculture paysanne. Nous avons entendu diverses personnes et collectivités s'exprimer lors des différentes assemblées, et parmi les différentes luttes locales, un objectif commun se dessine : la protection de l'eau et la lutte contre l'artificialisation des terres qui alimentent un modèle intensif et libéral.

Une organisation impressionnante

Si le mouvement AMAP fait partie de cet ensemble de luttes et s'inscrit dans un écosystème plus vaste, il est important de s'investir davantage dans des événements comme ce festival. Un événement d'une telle envergure a besoin de nombreuses mains ! Et cela a été le cas. L'organisation pendant ces quatre jours a été exemplaire, grâce à l'implication des faucheuses et faucheurs volontaires, de Terre de Luttes et de la Confédération Paysanne de l'Aveyron. Grâce à leur travail, le festival a pu accueillir plus de 7000 personnes. Nous avons également été sollicitées pour gérer la préparation de délicieux pancakes servis lors des petits déjeuners entre les conférences. Une expérience solidaire et festive que nous espérons réitérer l'année prochaine.

Par Laure, Joanna et Cécile* de Consom'solidaire.
* _{Actuellement, Laure occupe le poste d'administratrice au Miramap (Mouvement Inter-régional des AMAP), Cécile est la référente maraîchère de l'AMAP, tandis que Joanna est administratrice bénévole au réseau AMAP Île-de-France.}