6 mai 2024

La météo des champs
Les paniers impactés par un printemps plus que pluvieux

La météo de ces derniers mois a des conséquences certaines sur l’activité des paysan·nes en AMAP de notre région et sur les paniers de légumes ! S’adapter à la météo est un défi quotidien pour les maraîcher·ères bio en AMAP, et ce, depuis de nombreuses années (voir notre article les paysans du changement climatique).
Amapien·nes, sachez que la trêve des paniers risque d’être plus longue que prévue et que les légumes primeurs/d’été vont mettre plus de temps à arriver que l’année dernière. Les paysan·nes font tout ce qu’ils peuvent pour rattraper le retard mais pour elles·eux aussi le moral est moins bon à cause de la pluie. Soyez patient·es et à leur écoute, les tomates de cet été en seront plus savoureuses !
Voici quelques explications pour comprendre la situation.

Un excédent hydrique avec des conséquences dans les champs

Entre le 1er octobre 2023 et le 30 avril 2024, soit en 7 mois, il est tombé 570 mm de pluie autour de Trappes (78). A titre de comparaison, le cumul annuel normal de cette même station météo est de 630 mm en moyenne par an depuis 5 ans. Les témoignages des maraîcher·ères vont dans le même sens quel que soit le département : « nous avons eu plus d’une année de pluie en 6 mois, plus de 60 mn de pluie par mois - ce qui est déjà pas mal en un mois - et parfois 60 mn en 15 jours ». Selon une maraîchère des Yvelines, la situation est problématique pour 2 raisons : la quantité sans discontinuité mais également le fait que « c’est arrivé d’un coup après 2 ans et demi de sécheresse sévère y compris hivernale, donc sur un sol qui s’était totalement refermé… dans lequel les pluies n’ont pas réussi à s’infiltrer ».

Cet excédent hydrique pose de sérieux problèmes aux maraîcher·ères en Île-de-France : en Essonne, l’un d’eux nous dit qu’il était « impossible de travailler les sols en extérieur et donc de planter jusqu’à la semaine dernière ». Les techniciens du GAB (Groupement des Agriculteurs Bio) appellent à la patience et déconseillent d’entrer dans les champs si les sols sont trop humides. Il y a un risque d’abîmer les machines et la structure du sol, et donc que les légumes ne poussent pas.

Un autre maraîcher dans les Yvelines nous indique que « la pluie a fait pourrir des légumes en plein champ cet hiver (légumes qui n'ont pas pu être récoltés). L'ail planté à l'automne a poussé dans un milieu très humide donc n'est pas en grande forme (feuilles déjà jaunes). Nous, ça va, mais certains ont perdu des pieds de tomates sous serre ».

Du retard dans les champs

Certain·es maraîcher·ères comptaient fin avril déjà 3 à 4 semaines de retard, ce qui fait craindre aux producteurs une concurrence avec les productions des pays du Sud ou sous serres chauffées. Pour rappel, depuis un an et sous la pression des industriels légumiers, les agriculteurs Bio sont de nouveaux autorisés à vendre des légumes produits sous serre chauffées

Plusieurs maraîcher·es nous ont partagé les conséquences de cette pluie sur les plantations :
« Le trop plein d’eau dans les champs empêche les semis de navets, les plantations de pommes de terre et d’oignon et de courge…».
« On est seulement en train de planter les bulbilles d’oignons et d’échalotes maintenant! Avec plus d’un mois de retard ! »

« Le froid fait prendre du retard sur les récoltes sous serres pour le printemps et la pluie nous a empêché de faire quelques semis en extérieur nous faisant forcément prendre du retard sur les récoltes juin juillet »

Une maraîchère de Seine-et-Marne rajoute que, bien que ses sols soient drainants, « le fait que le temps soit aussi grisâtre et pas très chaud, ça a retardé tous mes plants et ils ont été prêts tellement tard que je ne pouvais plus les mettre sous serre, j'ai donc dû les mettre dehors mais ils vont arriver dans les paniers plus tard que prévu. »

Le développement des maladies et des ravageurs

L’humidité excessive avec une douceur permanente favorise le développement de champignons.  Un autre maraîcher en Essonne nous confie : « Sur nos 5000 m2 de jardins Fortier, on a planté environ 3000 m2. Et si les limaces nous ont mangé quasiment tous les choux, on a des radis, des salades, des choux raves, du fenouil et des fèves qui arrivent heureusement ! »

« Nous avons aussi eu des pertes liées à l'humidité qui provoque pourriture notamment, c'est le cas de certaines salades et d'une très belle série d'oignons dont une partie est retournée au sol car non mangeable. » « Les pluies incessantes ont fait exploser la population de larves de tipules, limaces et escargots, qui font des ravages que je n’avais jusqu’à maintenant jamais vu à ce point. »

Heureusement, une paysanne garde le moral et essaie de voir le côté positif de la situation : « Avec l'excès d'eau, il va falloir être particulièrement attentifs aux gastéropodes (escargots) et aux maladies fongiques (Mildiou), mais ça, c'est la vie, s'il avait fait trop chaud j'aurais fait attention aux altises et j'aurais dû prendre du temps pour mettre en place l'irrigation en plein champ. »

Le manque de lumière et des écarts de température

Quant à l’ensoleillement, à l’inverse de l’eau, il a été beaucoup plus faible notamment en février : avec 30h de soleil contre 90h en moyenne, la période a été jusqu’à 75% moins lumineuse que les années précédentes ! Une ferme en AMAP dans le Loiret souligne que la lumière est « cruciale pour les légumes primeurs, provoquant un faible développement des légumes sous serres qui ont peu réchauffé et ce manque de lumière limite l'assèchement des horizons du sol, nécessaire pour semer en extérieur. Ce phénomène couplé à une pluviométrie supérieure à la moyenne… nous n'avons réussi à faire certains semis que nous faisons normalement début février que.... Début avril ! Le résultat est sans appel : sous les serres, une série (radis, mesclun, navets, ...) n'a pas pu eu le temps de pousser ou d'être implantée, avec d’un côté des légumes d’hiver en retard et de l’autre la nécessité de libérer de la place pour les légumes d’été ( …) , qui eux sont en pleine forme. »

Après les quelques jours de chaleur début avril qui ont fait démarrer les pousses de certains légumes, les températures sont drastiquement retombées et menacent, de fait, la production des maraîcher·ères. Il faut savoir que les légumes n’aiment globalement pas les changements de température.  Alors les maraîchers s’adapatent et « utilisent les voiles de protection pour limiter les écarts de températures ». La semaine du 22 avril, il a gelé alors que certaines cultures « fragiles » étaient en place à l’extérieur « Nous avons par exemple perdu toutes nos courgettes en plein champs…nous allons ressemer, mais les courgettes arriveront un petit peu tard ».
Plusieurs paysan·nes insistent sur la résilience du maraîchage en AMAP. Celui-ci étant très diversifié, il  permet de compenser certaines pertes par d’autres légumes - écoutez l'interview de Florent Sebban, paysan et administrateur du Réseau, sur BFM TV le 30/4 dernier.

De l’espoir pour les légumes d’été et des techniques de non travail du sol

Plusieurs producteur·trices nous partagent qu’il·elles sont ravi·es d’avoir mis en place des techniques agronomiques avec très peu de travail de leur sol. Ça leur a permis d’implanter des cultures.
« Heureusement que j’ai mis en place la technique du maraîchage sur sol vivant sinon on aurait rien planté il y a deux mois et donc on ne récolterait rien actuellement ».
« Comme je suis en maraichage sur sol vivant, je n’ai pas besoin de rentrer mon tracteur dans le champ ».

 

Les maraîcher·ères s'accordent pour dire que pour le moment, dans l’ensemble, les solanacées (famille des tomates, poivrons, aubergines, piments, et pommes de terre) vont bien mais le soleil est attendu ! « Nos légumes d’été sont bien partis […], Si le climat s’améliore, vous bénéficierez de beaux paniers dès mi-mai !! »

Merci à tous les producteur·trices pour leur retour !

 

Lucie, salariée du Réseau AMAP IdF

 

 

 

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