18 déc 2020
Et dans tes champs, ça va comment ?
Cette rubrique n’a pas pour objectif de donner LA météo des paysan·ne·s en AMAP mais bien UNE météo. Parce qu’entre le nord du Val d’Oise et le sud Essonne, la météo n’est pas forcément la même, parce que des champs argileux en pente, et des champs sableux sur terrain plat n’accueillent pas la pluie de la même manière.
Ce mois-ci, la météo des Champs file dans les Yvelines à la rencontre Tristan Thiery, installé en septembre 2015 en maraîchage biologique sur une zone à enjeu eau, sur une ferme de 2,99 ha. Tristan termine se première année avec 3 AMAP, une à la ferme et deux autres à proximité de chez lui. Nous prendrons ensuite la direction de la Seine et Marne à la rencontre de Bastien Paix, en test d’activité avec les Champs des Possibles en tant que paysan-boulanger ! Bastien est en lien avec deux AMAP à Paris. Les deux producteurs reviennent sur une fin de saison chargée !
Coté Yvelines avec Tristan
Comment ça va dans les champs ?
L’activité est moindre chez les maraichers au mois de décembre mais il faut chaque semaine continuer à préparer les paniers et avoir une diversité de légumes qui demande de maintenir une activité forte sous serre. Cueillettes, récoltes, préparation et livraison occupe hebdomadairement un.e maraicher.e en AMAP.
Dans les champs de la ferme de Tristan, les dernières récoltes se font avant le gel : carotte, céleris, radis, radis noir, choi kale et blettes sont encore dehors. Tristan me précise qu’il est satisfait de son semis de carotte qu’il a fait sur engrais vert. Il y a certains légumes qui vont rester dehors qui supportent les gelées hivernales : poireaux, topinambours. La récolte se fait au fur et à mesure des besoins.
Il y a du vent, il faut tout le temps remettre les voiles. Tristan trouve qu’il a plutôt bien anticipé et a rempli de légumes feuilles les serres "bi-tunnels" : jeunes pousses, radis, chou chinois, fenouils et autres verdures remplissent les 1400 m2 de serres. Il reste les dernières plantations : blettes, coriandre et épinard à faire.
Il faut aussi purger le système d’irrigation avant le gel et entretenir tout le matériel.
Et le moral ça va ?
L’heure du bilan est arrivée, Tristan a commencé sa compta et réalise que le partenariat entamé depuis un an avec les AMAP (ainsi que les efforts et le travail accumulé depuis 5 ans) permet de savoir que la ferme va pouvoir continuer son activité, c’est une victoire pour un projet qui illumine toujours les yeux de Tristan. Le moral est bon malgré les petits pépins de santé, les amapien.ne.s ont généreusement pris le relais sur la ferme le temps qu’il aille mieux. Il espère prendre quelques jours de repos dans les semaines à venir.
Comme nous dit Tristan « Les épreuves, c'est comme les orties, une fois que tu les a traversées, tu sais mieux les savourer, tu prends conscience de leur bienfaits »
Comment s’annonce la saison à venir ?
Tristan veut réussir à anticiper la saison à venir et prévoit des travaux sur le bâtiment et les accessoires qui permettront une meilleur gestion et une optimisation du travail quotidien . Il veut par exemple construire le local pour les courges et finir d’installer un bon système d’irrigation. Il a plein de projets en tête, sa motivation se transmet et dans l’ensemble il est ravi du soutien et du partenariat avec ses AMAP.
Coté Seine et Marne avec Bastien
Comment ça va dans les champs ?
Ça se calme ! La période intense des semis d’automne (en grandes cultures) s’est terminée fin novembre. Les paysans ont bénéficié d’une météo plutôt clémente avec plusieurs journées ensoleillées de suite pour semer les céréales et légumineuses dans de bonnes conditions. Un mois de novembre assez sec donc qui a contrasté avec un mois d’octobre plutôt pluvieux ; résultat des courses, du vulpin (une graminée non désirée) pousse aussi dans la parcelle semée en petit épeautre. Bastien trouve que cette parcelle aurait mérité un passage d’outil supplémentaire (un « faux-semis ») pour détruire les mauvaises herbes en octobre, mais la pluie ne lui a pas laissé le temps.
Sur les conseils des voisins, il décide avec sa collègue Anaïs, bergère sur la ferme, de faire pâturer les brebis sur cette parcelle à la reprise de végétation en février : les animaux brouteront le vulpin au moment où il sera en train de « monter », plus précocement que l’épeautre qui a un cycle plus long. Il espère comme ça essouffler l’adventice et redonner de l’avance à sa céréale… et c’est ce que les ancien.nes faisaient ! Pour le reste (blé, seigle, grand épeautre, pois), tout lève tranquillement. Du coup, Bastien profite de cette période hivernale plus calme pour entretenir les outils, trier une nouvelle fois la récolte d’orge de l’année dernière et faire un peu de ménage autour des installations de stockage.
Chaque semaine, Bastien prépare son levain et ses mélanges de pâte le mardi et continue à panifier, pétrir, mouler et cuir le mercredi, pour la livraison en pain des AMAP.
Et le moral, ça va ?
Ça va car la période stressante des semis est retombée. Toujours content d’aller aux distributions pour pouvoir échanger avec des amapien.ne.s. Le paysan-boulanger renouvelle ses contrats "part de pain" pour l’année prochaine et c’est encourageant !
Du temps se libère un peu, il s’occupe à préparer son nouveau fournil, c'est assez enthousiasmant ! Bastien en a profité pour allé faire une fournée chez un autre paysan boulanger qui travaille sur une ferme du sud de l’Essonne ; ça fait du bien de sortir voir ce que font les collègues, et ça donne de nouvelles idées pour améliorer le fonctionnement des fournées. Avec les fêtes, quelques jours de repos vont faire du bien à l’organisme.
Comment tu vois la suite sur la ferme ?
Bastien a hâte de voir comment vont se développer les cultures notamment, notamment le grand épeautre qu’il a semé après avoir détruit un couvert végétal multi-espèce ( ceux sont des plantes de familles botaniques différentes qui servent à apporter de la matière organique au sol, elles sont semés et détruites pour être incorporé au sol et nourrir les céréales ensuite).
Au printemps il y aura 5ha de sarrasin à semer pour compléter la gamme des céréales à moudre pour le fournil. Et comme Bastien le disait, un nouveau fournil à mettre sur pied : récupération de 2 fours en janvier, coulage d’une dalle en béton et mis en place des raccords eau et électricité, premières fournées « test »… et mettre en place de nouvelles recettes !
Par Lucie, salariée du Réseau AMAP IdF