30 avril 2020
Trois petits tours à l'étranger
Et si, confinés que nous sommes, on s’évadait un peu par la pensée, en regardant ce qu’il existe ailleurs comme homologues à nos AMAP, et comment, dans trois pays francophones, d’autres agricultures citoyennes et paysannes réagissent actuellement ?
L'ACP en Suisse (1978)
En Suisse romande, l’Agriculture contractuelle de proximité (ACP), est apparue dès 1978, suite à la création d’une coopérative maraîchère nommée Cocagne. Différentes initiatives ont ensuite vu le jour isolément. C’est en 2008 qu’a été créée la FRACP, Fédération Romande d’Agriculture Contractuelle de Proximité, et rédigée sa Charte. En termes d’organisation, la Fédération est composée des structures qui adhèrent à la Charte de 2008, quel que soit leur statut juridique. Il peut s’agir d’associations à but non lucratif, de coopératives de consommateurs ou de producteurs, ou de paysans en entreprise individuelle ou en société. Le plus souvent, le contrat proposé (panier, cornet, hotte…) comprend l’obligation ou la possibilité d’effectuer quelques demi-journées de travaux aux champs par an – ou bien de verser la compensation financière correspondante. L’argent transite par la structure gérant les contrats, qui peut prélever des frais, le bilan ou le budget étant validé par des vérificateurs aux comptes. En 2018, la Fédération a décidé de se passer de l’emploi à temps partiel qu’elle salariait, de diminuer la cotisation à verser par ses membres, et de faire appel à ceux-ci pour organiser d’éventuels événements ou actions. Les quelque 28 membres ont tous leur propre site internet.
En Suisse, comme chez nous, les livraisons s’adaptent en raison de la crise du coronavirus, mais l’ACP poursuit ses activités en général.
Pour en savoir plus :
L’ACP en Suisse romande : https://www.fracp.ch.
Jardins de Cocagne, https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Jardins_de_Cocagne&oldid=169786808 (Page consultée le 23 avril 2020).
La FRACP : https://amap-rpl.org/?s=FRACP
Le Réseau des Fermiers de Famille au Québec (1995)
C’est suite au Sommet de la terre à Rio de Janeiro, en 1993, qu’a été créée une organisation citoyenne capable de proposer des solutions pour le développement durable et l’économie sociale au Québec. D’abord nommée ASEED (Action pour la solidarité, l’équité, l’environnement et le développement), elle a pris officiellement le nom d’Equiterre en 1998. Entretemps, elle avait commencé dès 1995 à mettre en place un « réseau de fermiers de famille », qui pendant vingt ans s’est avéré l’un des projets phares de l’organisme : promotion des principes d’une agriculture soutenue par la communauté (ASC), recrutement de fermes, de consommateurs… Il a été décidé en 2018 de transférer la gestion du réseau à la Coopérative pour l’agriculture de proximité écologique (CAPÉ). En 2020, il regroupe plus de 130 fermes certifiées ou en pré-certification biologique qui mettent en avant un circuit court de mise en marché. Les consommateurs s’abonnent directement à la ferme de leur choix, sans intermédiation, via la plateforme internet du réseau. Selon son Chargé de communication, « En Amérique du Nord, le fonctionnement de l’agriculture soutenue par la communauté est différent de l’Europe puisque ce sont les producteurs qui initient la communauté. Il n’y a donc pas, à [sa] connaissance, de regroupements de consommateurs mais chaque ferme dispose d’une communauté de mangeurs actifs et les services proposés sont similaires à ce que l’on retrouve en Europe ».
Comme l’évoque un article de Reporterre, il se pourrait qu’en période de pandémie, les gens fassent plus attention à leur alimentation. Mais les familles auront-elles toujours les moyens de s’approvisionner sur le marché local biologique au Québec?
Pour en savoir plus :
Le Réseau des Fermiers de famille au Québec : https://www.fermierdefamille.org/reseau. Sur ses relations avec Equiterre : https://www.laterre.ca/actualites/biologique-actualites/fermiers-de-famille-quittent-equiterre-cape et https://amap-rpl.org/2020/04/08/la-toile-des-amap-n156-7e-regard-sur-nos-correspondants-etrangers-le-reseau-des-fermiers-de-famille-au-quebec/. A lire également, un article de Reporterre du 31/03/2020 : https://reporterre.net/Au-Quebec-la-crise-du-coronavirus-pourrait-ouvrir-le-grand-chantier-de-l-autosuffisance-alimentaire
Le mouvement GASAP autour de Bruxelles (Belgique) à partir de 2006
Les Groupes d'achats solidaires de l'agriculture paysanne (GASAP) belges sont les plus proches parents de nos AMAP : selon leur site internet, « frères des AMAP françaises, les GASAP sont le fruit d’une initiative citoyenne qui vise à soutenir l’agriculture paysanne ». Le premier groupe a été créé à Ixelles en 2006, ils se sont rapidement retrouvés à trois. Comme notre réseau francilien, le réseau est apparu d’abord de manière informelle, réunissant des bénévoles, avant que soit mis en place un poste salarié de "coordinateur", puis l’actuelle Asbl créée en 2011. Grâce aux différents « subsides » obtenus, le réseau compte en 2020 environ 90 groupes, une quarantaine de producteurs et 4000 consom’acteurs. Ce qui les différencie des AMAP ?
La taille des groupes est souvent réduite, soit une vingtaine de ménages pour des paniers « légumes » à fréquence bimensuelle, même s’il existe des « super-GASAP » pour des contrats concernant d’autres produits. Du coup, très peu de groupes sont présents sur internet, et la communication repose principalement sur le réseau et les ressources qu’il peut mobiliser (bénévoles acceptant de s’investir, financement sur des « projets de développement »…).
Le réseau a défini une politique par rapport au Covid-19, estimant que ses mangeurs risquent moins à aller dans leur GASAP qu’à se mettre dans une file de supermarché, à condition bien sûr que certaines mesures d’hygiène (de bon sens) soient prises. Enfin, plus largement, la partie flamande de la Belgique est, elle, plutôt concernée par le modèle de l’ASC (Agriculture Soutenue par la Communauté), où ce sont les producteurs qui prennent en charge la commercialisation de leurs paniers en circuits courts. Pour rappel, le réseau des AMAP IDF avait organisé le 19 novembre 2019 un voyage d’études paysan en Belgique (dans la région de Bruxelles), dont le programme prévoyait une rencontre avec le réseau GASAP.
Photo issue du site des GASAP - avril 2020
Pour en savoir plus :
L’asbl « Réseau des GASAP » en Belgique : https://gasap.be. Les Groupes d'achats solidaires de l'agriculture paysanne, https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Groupes_d%27achats_solidaires_de_l%27agriculture_paysanne&oldid=166443051 (Page consultée le 23 avril 2020). L’agriculture paysanne en Belgique : https://amap-rpl.org/?s=gasap. Le voyage d’études du Réseau AMAP IDF : http://amap-idf.org/voyage_etudes_paysan_deux_jours_folie_chez_be_123-actu_286.php
Article rédigé par David, AMAP Réunion / Père Lachaise (75011 / 75020)
Rappelons que David a déjà évoqué la présence sur internet de plus de 400 AMAP réparties dans toute la France: il poursuit tous les mercredis (depuis avril 2017) sa chronique La Toile des AMAP sur le blog de l'AMAP Réunion / Père Lachaise. Nous lui avions "tiré le portrait" en décembre 2018. Une fois nos AMAP françaises survolées, il a encore été regarder du côté des GASAP (en Belgique), ACP (en Suisse), voire autres ASC (au Québec). Si vous souhaitez réagir, n'hésitez pas à le faire en ligne. Pour écrire à l'auteur: telicon@gmail.com (précisez si votre mail peut être repris
sur le blog, ou non).