29 juin 2020
Portrait : Sur les hauteurs de Perceneige, Gary s'installe comme maraîcher en AMAP
D’électricien à maraîcher ou du court-circuit au circuit-court, une reconversion réussie
Gary a déjà appris et fait plusieurs métiers dans sa vie : militaire, maçon, gardien d’immeuble, cariste électricien…Ce qui le passionne dans l’apprentissage c’est la mise en pratique. Après avoir commencé à cultiver son jardin de plus 5000m2, il décide de reprendre des études agricoles qui le mènent jusqu’au BPREA à Auxerre. Il effectue différents stages chez des paysans d’ile-de-France, il y découvre les AMAP et est conquis par ce système.
En parallèle de ces expériences chez les paysan.ne.s voisin.e.s, Gary cherche à acheter une ferme. La recherche est longue, chacun sait qu’il est souvent difficile de trouver la perle rare et que les démarches sont fastidieuses. En début d’année 2020, Gary nous recontacte, il a trouvé une ferme qui semble correspondre à ses envies. Il décide d’acheter avec l’accord de sa banque et les conseils des maraîchers du coin une ferme de 4,3h à Perceneige (89).
Gary dans sa serre
Une ferme où les possibles sont multiples
La particularité ? La ferme a été laissée en l’état par son propriétaire il y a deux ans. Propriétaire qui a disparu du jour au lendemain. Dans le hangar, il y a encore les caisses, les papiers de l’ancienne ferme horticole, dans les serres, plus de 8000 m2 à remettre en état, les pots jonchent sur le sol en plastique. Le travail à accomplir est colossal, Gary le sait, ça ne lui fait pas peur, ses anciennes expériences l'amenaient parfois à travailler nuit et jour. En mars 2020, le compromis est signé avec la Safer, Gary s’installe avec la Dotation Jeunes Agriculteurs (DJA) à la ferme de Léna, en même temps que le confinement.
Lorsque nous le rencontrons, en juin 2020, Gary a pu, malgré toutes les contraintes que le confinement a engendrées (fournisseurs fermés, pas de rassemblements de bénévoles...) remettre en état 3 serres de près de 1000 m2 : regrouper les pots qui sont au sol et autres matériaux, débâcher les serres… Toutes les serres sont recouvertes de cailloux, un ami de Gary est venu débarrasser le gravier sur ses trois serres.
Une serre à l'abandon
Le lieu a l’abandon pendant deux ans a été victime de vol, toute l’électricité a été démantelée, la pompe à eau ne fonctionne plus … Gary avec ses multiples casquettes, installe l’électricité sur l’ensemble du site, enterre les gaines pour que celles-ci soient à l’abri de l’humidité et ne risquent plus de tenter les visiteurs nocturnes de la ferme, remet la pompe en fonction et installe son système d’irrigation sur une partie des parcelles.
En même temps, il prépare ses plants (ce qui n’était pas prévu dans son calendrier) en attendant de recevoir ceux qu’il avait commandés et qui ont du retard, il met en cultures à l’extérieur et à l’intérieur tout ce qu’il faut pour avoir un panier prêt pour juillet : salade, courgettes, radis, pommes de terres, carottes, aubergine, tomate, concombre….
Une serre rénovée
Une volonté d’être en AMAP depuis le début de son projet
Gary souhaite être en 100 % AMAP, depuis deux mois il est en lien avec des groupes en création souhaitant partager sa récolte et s’investir sur le projet. Pour Gary, l’AMAP est la commercialisation qui a le plus de sens pour lui : lien humain, partage des risques et des bénéfices … Il commence avec une 50aine de parts dès juillet et va augmenter pendant trois ans le temps que le projet se développe.
Gary a des projets pleins la tête, le lieu laisse imaginer tous les possibles, il a mis des chicons en terre pour faire des endives dans un container laissé par l’ancien propriétaire. Il espère remettre la serre tri-chapelles en état pour faire pousser des fraises… De plus il aimerait que son terrain soit entouré d’arbres pour limiter les bourrasques de vents et séparer sa ferme des champs conventionnels voisins. Le hangar permet aussi de remettre en état un petit coin pour lui : lieu pour se reposer, cuisine mais surtout d’imaginer une pièce ou les amapien.ne.s pourraient rester dormir.
Gary souligne que les trois mois qu’il vient de passer ont été intenses et qu’il a eu tendance a délaisser sa famille et lui-même. Il peut compter sur des nouveaux liens qui se créent avec des agriculteurs locaux et aussi sur tout le réseau des paysans bio qu’il s’est créé les années précédentes !
Nous sommes curieux de voir comment le projet va évoluer dans les années à venir !
Par Lucie, salariée du Réseau