4 juil 2025
La météo des champs
Alors que les parlementaires votent un texte de loi allant à l’encontre de ce que porte notre réseau comme vision de l’agriculture, les paysan·nes subissent une nouvelle fois les impacts du changement climatique. Certain·es sont découragé·es, d’autres y voient une manière concrète de lutter et de faire face, au prix de nombreuses heures de travail.
Une année sèche à l'encontre des prévisions
Vous allez peut-être penser que les producteurs et productrices en AMAP ne sont jamais content·es, mais les années se suivent et ne se ressemblent pas. Après deux années pluvieuses, ils et elles font cette fois face à une saison sèche, avec un manque de précipitations et des températures extrêmement élevées. Ces conditions ne permettent pas d’offrir aux maraîcher·èress un cadre de travail optimal .
Les maraîcher·ères en AMAP constatent une avance de près de deux semaines par rapport aux années précédentes. Au printemps, certain·es avaient préféré conserver des légumes racines en réserve, craignant une mauvaise saison. La chaleur de cet été s’oppose en effet aux prévisions du calendrier biodynamique, qui annonçait un été pluvieux. Ce pronostic ne s’est pas vérifié, obligeant les maraîcher·ères à redoubler d’efforts pour gérer l’eau et l’irrigation.Finalement, les légumes de printemps ont été abondants, bien au-delà des attentes. Une belle surprise pour les AMAP à qui ils ont pu livrer de beaux paniers.
Les légumes poussent vite, avec la vigilance que les températures trop élevées de fin juin/début juillet peuvent parfois avoir un effet négatif. Certaines plantes bloquent leur croissance et réduisent leur production, un mécanisme de protection face à la chaleur excessive. D'autres sont montées en fleurs trop rapidement : coriandre ou certains bulbes comme les oignons rouges.
Un enjeu majeur : maintenir les plantes dans leur zone de confort
Face à ces épisodes de fortes chaleurs, l’enjeu majeur est de maintenir les plantes dans leur zone de confort afin de limiter les nombreuses répercussions négatives.
Une chaleur excessive peut en effet provoquer :
- Une explosion des populations de ravageurs, notamment pucerons et acariens, tout en réduisant fortement l’efficacité du contrôle biologique assuré par les auxiliaires.
- La chaleur profite aux légumes ainsi qu’aux ravageurs : les altises se développent en condition sèche et chaude, et se régalent des feuilles de choux (cf la vidéo d'Antonin et Julien du GAEC de la comté et le livret sur le cycle de production du chou). Les maraîcher·ères sont vigilant·es à couvrir leurs plants de voile anti-insecte et certain·es positionnent des bandes collantes proches des plantes pour que les insectes coléoptères s’y attachent. Quand aux pucerons, ils peuvent détruirent les plants de courgettes ou concombres sous serres. Certain·es producteur·trices n’ont pas planté de série en intérieur et ont priviégié l’extérieur pour éviter une explosion des pucerons. D’autres font des lâcher d’auxiliaires comme des cocinnelles ou utilisent des préparations naturelles ( savon noir…).
- L’apparition de maladies vasculaires, comme la verticilliose, ainsi que des carences en éléments nutritifs essentiels tels que le potassium et le magnésium.
- Le développement de désordres physiologiques visibles, tels que coups de soleil, cul noir, coulure ou déformations, qui impactent à la fois la qualité et le rendement des cultures.
Les maraîcher·ères ont mis en place plusieurs stratégies pour limiter les effets du stress thermique sur les plantes : ils et elles ont blanchi leurs serres pour réduire l’intensité lumineuse, bassinant régulièrement pour maintenir une hygrométrie au-dessus de 60 %, et ménagent particulièrement les plants en cours de récolte, notamment les Solanacées. Les fruits d'une plante ne sont pas tous récoltés, car cela pourrait créer une tension trop forte sur le système racinaire, rendant difficile une nouvelle mise en production.
Côté céréales, les moissons ont commencé, un mois plus tôt que l’année dernière… les producteurs craignaient même que les plantes se dessèchent.
La fatigue et la charge mentale s’intensifient
Le printemps a été intense et la fatigue commence à se faire sentir. L’irrigation demande beaucoup de temps et d’énergie surtout pour les fermes qui n’ont pas le fait le choix d'une système d’irrigation automatisé. Les horaires décalés nécessaires pèsent sur les équipes. La chaleur oblige à laisser les serres ouvertes, même la nuit.
Les paysan·nes ont toujours besoin de soutien moral et de savoir les amapien·nes prêt·es à se mobiliser pour que le taux de renouvellement et de nouveaux amapien·nes soient au maximum, une des meilleures façon de montrer son soutien à son producteur ou sa productrice.