9 avril 2025

A la rencontre des paysan·nes Normands

Les 27 et 28 janvier dernier, un groupe de 16 participant·es et leurs 2 accompagnatrices du Réseau AMAP IdF ont effectué un voyage d'études en Basse-Normandie. Au programme : visiter 7 fermes pratiquant le maraîchage sur sol vivant (MSV) et favorisant l’installation en collectif : la rencontre d'une belle diversité de pratiques agricoles favorisant des échanges riches entre pair·es.

Ferme des Ruffaux (Édouard et Louise)

Située à Bouquetot (27), la ferme des Ruffaux s’étend sur 3,2 hectares. Elle pratique le maraîchage sur sol vivant en agroforesterie depuis le début du projet, avec une attention particulière portée à la biodiversité et à la régénération des sols. Par exemple, ce sont plus de 50 nichoirs à oiseaux qui ont été installés en lien avec LPO. Les techniques utilisées incluent la régénération progressive des sols par compost, broyat et engrais verts. Les deux paysan·nes ont choisi de financer leur projet sans emprunt bancaire. Leur modèle économique repose sur la vente en circuits courts, avec un fort travail de communication autour de la ferme. Le chiffre d’affaires annuel de la ferme se situe entre 80 000 et 100 000 €. Edouard nous a beaucoup répété qu’il faut savoir aller chercher de l’aide et déléguer à ceux qui savent faire (l’arboriculture ici).

Le Jardin des Deux Mains

Installée en 2017 sur 3 hectares, cette ferme combine maraîchage sur sol vivant et techniques culturales simplifiées.
Guillaume et ses associés du GAEC ont également développé une activité de transformation des produits sous la marque Tambouille. La ferme abrite un tiers-lieu, Agriculturel, qui soutient la vie locale à travers diverses activités culturelles et communautaires, telles que des guinguettes ou autres événements. Le chiffre d’affaires annuel de la ferme atteint 180 000 €, dont une part provient des produits transformés, des œufs et du maraîchage.

La ferme a une gestion de la fertilité très précise. Nous avons pu voir comment l’herbe de tonte était énormément utilisée en couverture de sol et amendement.
Guillaume a mis particulièrement l’accent sur la gestion collective et l’échange au sein du GAEC et du tiers-lieu qui représente les différents lieux d’investissements des membres de la ferme avec des organisations propres à chacune.

Le Pota’Gegène (Nicolas et Régis)

Installée en 2017 sur 1 hectare, cette ferme se consacre au maraîchage sur sol vivant. Ils n’ont jamais travaillé le sol, avec une grande partie des parcelles cultivées sous bâches. Les associés, Nicolas et Régis, cultivent 40 variétés de légumes et utilisent des pratiques telles que le compostage et le paillage. La gestion de la ferme est structurée avec une planification rigoureuse des cultures et des tâches. L’organisation du travail est au centre et est conçue pour permettre un équilibre entre vie pro et vie perso. Cette organisation leur permet de dégager du temps libre (en 2025, pas de travail le weekend et une semaine de 4 jours), avec l’objectif d’assurer un salaire décent. Le chiffre d’affaires de la ferme avoisine les 100 000 €, généré principalement par la vente de produits sur les marchés. 

La Ferme des Mouvettes

La ferme des Mouvettes est une ferme récente, existant depuis deux ans. Elle permet à six paysan·nes de tester leur activité pendant trois ans. La ferme et l’outil de production ont été achetés par le département. Cette ferme se distingue par une organisation interne très structurée. Les membres se réunissent chaque semaine pour prendre des décisions collectives, et chaque acteur joue un rôle actif dans la gestion de la ferme. La résolution des conflits est bien encadrée, avec la possibilité de recourir à un médiateur externe si nécessaire. La communication, la coopération et l’entraide sont des valeurs fondamentales dans l’organisation de cette ferme.

La ferme du Champ au Loup

Hadrien s'installe en 2018 à Gavray en Normandie sur un terrain de 2 hectares. Il y cultive environ 40 variétés de légumes, avec une gestion des apports organiques et du compost pour maintenir la fertilité du sol. Le MSV s’est imposé à lui car il n’avait que 30 cm de sol. Il utilise également un petit tracteur pour travailler la terre.

Sa commercialisation se fait principalement via le marché et à un magasin de producteurs. Après trois ans, il se rémunère à hauteur de 1000€ par mois et prend environ 2 à 3 semaines de vacances par an.

La spécialité de la ferme : Hadrien cultive aussi des agrumes sous serre, des yuzu et des mandarines avec des résultats prometteurs en 2024. Il nous a partagé comment il gérait ses fruitiers et leur fragilité (attention au gel, aux manques d’apports..). Il expérimente des techniques de culture adaptées à son sol, et lutte contre les ravageurs avec des méthodes naturelles comme les chats contre les rongeurs.

La Ferme du Bois Landelle

Contrairement à la Ferme des Mouvettes, la Ferme du Bois Landelle adopte une approche collective plus informelle. Bien qu’il existe un projet collectif historique, les réunions sont très peu fréquentes et plus ponctuelles. La ferme fonctionne sur la base de l’entraide entre producteurs. Le collectif participe ensemble ou se relaie sur des marchés, mais chaque membre reste indépendant dans la gestion de son activité. Ils partagent des espaces et des charges communes.

La ferme existe depuis 16 ans. En 2008, cette ferme de 70 hectares a été transmise. Un collectif s'est formé autour de cette transmission, comprenant un maraîcher, deux paysans boulangers, et un éleveur. Ils ont choisi un bail collectif et solidaire en installation individuelle, avec une CUMA pour partager les équipements agricoles. La ferme est organisée avec 30 hectares pour l’élevage de cochons et de bovins, 17 hectares pour les paysans boulangers, 13 hectares pour l’élevage laitier et un petit hectare de maraîchage. Le système de production laitière repose sur une EARL avec deux éleveurs et 10 vaches laitières. Leur chiffre d'affaires est de 47 000 euros, et ils transforment leur lait en tome. L’atelier cochon est géré par Wilo, qui élève des cochons de Bayeux, produit de la viande, et a un chiffre d'affaires de 55 000 euros. Il existe une complémentarité entre les ateliers : le fumier des cochons nourrit le maraîchage, et le petit lait est donné aux cochons.

Le GAEC de la Closerie

La ferme de Mahdi et Gwen, installée en 2019 après une reconversion professionnelle, couvre 9,5 hectares, dont 0,5 hectare dédié au maraîchage et 2 hectares de verger cidricole. Leur objectif initial d’autosuffisance a évolué vers une diversification des activités, incluant le maraîchage en MSV, l’élevage de poules pondeuses, de moutons, ainsi que la production de cidre et de jus de pomme.

Ils produisent eux-mêmes leurs plants et utilisent des engrais verts et du compost pour améliorer la qualité du sol. Les 100 poules pondeuses sont élevées dans un enclos spacieux avec accès extérieur, produisant des œufs vendus en direct à la ferme. Leur verger génère 40 tonnes de pommes à cidre, transformées en cidre et jus de pomme, et leur vignoble naissant suit une approche biodynamique.

 

Par Lucie, salariée du Réseau AMAP IdF

 

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