Au commencement était le besoin de vacances

Alice est maraîchère depuis 2015 à Larchant, en Seine-et-marne, sur une ferme d’un hectare. Pour la 4ème année, Alice livre 17 parts à l’AMAP locale, l’Art du Champ. Lorsqu’elle a renouvelé ses contrats en 2019, elle a émis le souhait de pouvoir partir en vacances deux semaines pendant l’été et d’avoir un week-end par mois. Les amapien.ne.s ont accepté de tenter l’expérience. 


Pour mettre en place cette organisation, une amapienne de Franck Halleur, paysan dans le 77 qui a lui même expérimenté le remplacement par ses groupes AMAP lors de ses vacances, est venue témoigner lors de l’AG de l’Art du Champ.

Concrètement, une amapienne est devenue référente « astreinte week-end et vacances ». Les personnes motivées pour remplacer Alice durant les 15 jours d’été se sont fait connaître suite à l’AG : une quinzaine de personnes ont répondu présentes. Quelques semaines avant l’été, l‘amapienne référente a envoyé un document avec les différents jours de présence et les plages horaires à se répartir.

Côté ferme : témoignage d'Alice

1. L'organisation

Une fois les amapien.ne.s réuni.e.s, Alice a mis en place plusieurs formations liées aux tâches à accomplir durant son absence : arrosage, récolte, plantation, désherbage... Elle avait également préparé un plan de la ferme avec la numérotation correspondant aux différentes vannes d’irrigation, poste qui semblait être le plus compliqué à prendre en main. De plus étaient indiqués sur ce tableau des numéros d’urgences, en cas de besoin, de personnes connaissant mieux le jardin et les réponses à d’éventuelles questions.

Alice a détaillé jour après jour les tâches à accomplir. Les distributions se sont poursuivies pendant son absence.

A titre d’exemple le jeudi 25 juillet, jour de distribution, le groupe de volontaires devait :
• Récolter dix mètres de pommes de terre sur deux rangs pour faire au moins 25 kg
• Récolter la totalité des tomates, concombres, aubergines et courgettes mûres puis partager en 25 parts et mettre 8 parts de côté pour la vente à la ferme.
• Ramasser deux grandes caisses de blettes et les partager en 17 parts
• Ramasser deux caisses d’oignons pour pouvoir mettre au moins 600g d’oignons par part
• Ramasser deux ou trois séries de 17 salades
• Ramasser une caisse de chaque herbe, à mettre en libre service. Précisions : le basilic se coupe au sécateur en ayant soin de couper au-dessus d’une fourche de nouvelles pousses. Le persil se trouve entre les choux verts.

2. Le bilan

Alice a trouvé l’expérience très positive, elle a pu prendre du bon temps en vacances sans penser à la ferme. Elle s’aperçoit que les quelques erreurs commises relèvent surtout d’une mauvaise interprétation de ce qui a été écrit, compréhension différente entre elle et les amapien.ne.s. Elle espère que l’expérience sera renouvelée. Alice trouve que c’est une autre façon pour les amapien.ne.s qui ne peuvent pas être dispos pour les distributions ou les chantiers, de découvrir la ferme et de donner un coup de main, ils se sentent investis dans l’association. Ces deux semaines ont permis au groupe de mieux se rendre compte des diverses tâches à accomplir en saison, de découvrir la gestion d’une ferme, l’organisation du travail.

Côté groupe : témoignage d'Ismaël, amapien de L'art du Champ

1. L'organisation

Il y a un an, au premier chantier d’automne, le groupe a senti qu’Alice n’était pas très en forme. Elle leur a confié que de voir partir sa famille en vacances et ne pas pouvoir les suivre avait été difficile à vivre pour elle. Les amapien.ne.s lui ont proposé de prendre le relais sur la ferme pour l’été suivant. Il n’était pas pensable pour eux qu’Alice ne prenne pas de vacances, il le fallait.

Selon Ismaël, il était important, dans un premier temps, qu’Alice donne un programme des journées avec le nombre de personnes nécessaires. Ensuite il y a eu la formation, tous y ont participé mais certains, comme Ismaël, l’ont trouvé trop rapide. Il est revenu par deux fois au jardin avant le départ d’Alice pour comprendre les différentes tâches, mémoriser les gestes qu’il aurait à accomplir.

Tou.te.s se devaient d’avoir compris comment récolter, comment repérer les légumes mûrs, raccrocher les concombres, arroser les parcelles… Ismaël en a rassuré quelques-uns en leur disant que finalement ce n’était pas si sorcier, et qu’au besoin il laissait son numéro. Il a lui-même eu besoin de l’aide d’une autre amapienne pour éclaircir quelques doutes et être sûr de bien faire. Ce qui est évident pour certain.ne.s ne l’est pas pour tous. D’autres ont même pris l’initiative de se rajouter du travail : désherbage par exemple car la chaleur et l’arrosage aidant, ça poussait vite.

Deux équipes étaient constituées. Une équipe dédiée à l’arrosage et au transport des semis et des plants vers la ferme, tâche à effectuer quotidiennement, l’autre équipe s’occupant du jardin. Certains jours, ils et elles étaient finalement légèrement trop nombreux.ses alors que d’autres jours, peut-être pas assez. Ils et elles seront mieux rodé.e.s l’année prochaine.

La veille au soir, les amapien.ne.s concerné.e.s pour la journée du lendemain se contactaient pour fixer un rendez-vous commun. Une fois sur place ils et elles se répartissaient les tâches à effectuer, s’occupaient de l’arrosage, des récoltes et des mises en caisses pour les distributions hebdomadaires. Avant le départ d’Alice, ils ont essayé d’imaginer ensemble d’éventuels problèmes qui pouvaient survenir pendant son absence et ont trouvé des solutions pour y remédier. Tout s’est finalement bien déroulé.

2. Le bilan

Se connaître davantage, en apprendre un peu plus sur les travaux des champs, et s’approprier autrement le jardin d’Alice : un bilan global positif ! Ce qui au début leur semblait compliqué, voire vertigineux, n’était finalement pas insurmontable !
Ils ont d’ailleurs proposé à Alice de la remplacer quelques jours au printemps si elle ne veut pas attendre l’été pour repartir en vacances.

Témoignages recueillis par Lucie, salariée du réseau AMAP IdF