26 avril 2019

Portrait de Gaëlle Lacaze « Qui possède le champ ? »

Ancienne salariée de Terre de Liens Ile-de-France, récemment débauchée par la SAFER, elle avait besoin de retrouver l’engagement militant que comprenait son poste précédent. Et puis ça faisait longtemps qu’elle lorgnait le Collectif d’un Réseau qui a la réputation de « ne rien lâcher ». Ce qu’elle aime dans le système AMAP (elle n’aime pas trop parler de « modèle » parce que le terme lui semble trop dogmatique, comme dans la formule un « modèle à suivre », alors que pour elle les AMAP sont justement ce qui permet de constamment réinventer le système), ce qu’elle aime donc dans ce « système », c’est sa capacité à questionner à la fois les paysan·ne·s sur ce qu’ils produisent, ce qu’ils laissent derrière eux, sur leur autonomie et leur rémunération, mais aussi les citoyen·ne·s sur leurs gestes de consommation
Fille d’éleveur·se·s de brebis de l’Aveyron, producteur·rice·s de lait pour la fabrication du roquefort, elle s’est formée à la géographie et à l’aménagement du territoire, avant de rejoindre un Centre Permanent d’Initiatives Environnementales dans le Larzac. Quand les Causses et les Cévennes deviennent patrimoine Mondial de l’Unesco, elle travaille pour un Réseau des Paysages Pastoraux en Méditerranée. Mais son poste n’est bientôt plus financé et elle a l’impression d’avoir fait le tour de Montpellier : quitte à changer, autant tenter le grand saut, elle candidate pour Terre de Liens Île-de-France. Pour elle, ce poste est une consécration : l’alignement de tout ce qu’elle est et tout ce à quoi elle croit. Toute petite déjà, elle aimait consulter le cadastre pour savoir à qui appartenait les champs, plus tard elle était devenue bénévole pour Terre de Liens Languedoc. Son poste à la SAFER lui permet de comprendre comment fonctionne cet outil, et comment faire pour s’en emparer. Elle se félicite que l’institution bouge un peu, son embauche en est le signe, puisqu’elle a obtenu un poste consacré entièrement à l’installation. C’est certain, elle ne fera pas carrière à la SAFER, mais elle se réjouit de se familiariser avec ce partenaire, et de semer quelques graines au sein de son équipe, ne serait-ce qu’en questionnant le vocabulaire, par exemple dire « équipe » au lieu de « service » : ça n’a l’air de rien mais ça change tout !
Aujourd’hui, Gaëlle fait partie du petit collectif d’animation de son groupe AMAP, en tant que responsable légale, référente contrat légumes et adhérente relais, avec l’envie de se saisir de cet espace pour faire de l’éducation populaire, pour faire prendre conscience aux adhérents de tout ce qui se passe « derrière leur panier » et rendre politique ce geste anodin, ce rendez-vous hebdomadaire. Le groupe est en partenariat avec Daphné, une ancienne couvée des Champs des possibles, que Gaëlle connaît depuis sa toute première formation « De l’idée au projet » en 2013. C’est un plaisir pour elle de participer, en tant que citoyenne et plus en tant que salariée, à l’accompagnement à l’installation d’une jeune reconvertie. Daphné est associée depuis peu avec François Guédon à Grisy sur Seine, dans la perspective d’une transmission (François devrait prendre sa retraite dans quelques années). En tant qu’ancienne couvée, Daphné espère pouvoir elle-même bientôt accueillir de jeunes porteur·euse·s de projet sur sa ferme. Elle aime l’idée de se sentir entourée, de partager les risques, les doutes et de se soutenir aussi moralement.
Le groupe de l’AMAP des Prairies est né à l’initiative de Daphné, dont le compagnon tient le bar associatif de L’Ogresse. C’était une jolie façon d’allier sa nouvelle activité de paysanne et ses anciennes amitiés parisiennes. Chaque distribution dégénère joyeusement en apéro et permet aussi d’habiter ce lieu atypique. Les livraisons rassemblent ainsi un public varié composé de jeunes étudiants en coloc et de voisins plus âgés et moins habitués du lieu. Comme Daphné reste le soir des distribs, c’est un peu comme si le groupe se réunissait chez elle, comme si la ferme s’était installée dans un bar ! De L’Ogresse au Mundo, il n’y a qu’un pas. Elle a très envie de s’investir sur la campagne du Réseau pour les municipales, et elle représentera le Réseau au sein du Conseil de Coopérative des Champs des Possibles. Nous sommes ravi·e·s de l’accueillir parmi nous, et de pouvoir bénéficier de ses précieuses compétences et de sa grande sagesse.

Par Maud, amapienne et administratrice du Réseau

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