27 sept 2019
Les maraîcher·e·s risquent de faire chou blanc cet hiver
Les paysan.ne.s en AMAP s'inquiètent
Les épisodes de sécheresses qui frappent leur territoire sont de plus en plus fréquents. Ces derniers engendrent de nombreux impacts négatifs sur les cultures : développement des ravageurs, sols asséchés, feuillages grillés…
Dans les fermes dépourvues d’un accès à un point d’eau, les légumes ont souffert de la chaleur et les plantes ont perdu leur vert tendre pour virer au jaune-orange. Beaucoup ont d'ailleurs complètement grillé.
Le constat est souvent décourageant, pour certains les feuilles de choux sont presque intégralement ravagées et jonchent les bâches tissées, pour d’autres les plants de courges ont peu de fruits : les fleurs ont coulé, les fruits avortés et sont peu nombreux. Quant aux salades, elles montent à fleur ou brûlent, et ce malgré un arrosage quotidien. Dans certains cas, les tomates ont stoppé leur croissance et le mûrissement des fruits à pris du retard.
La liste est longue et le travail quotidien des paysan·ne·s d’autant plus difficile. Il y a tout de même quelques victoires avec de beaux oignons et échalotes.
Cet épisode caniculaire est un des phénomènes du dérèglement climatique que nous sommes en train de vivre. Ces conditions météorologiques et l’impact sur les cultures démontrent la nécessité de développer des systèmes diversifiés (productions, activités…).
La bête noire de l’été ? L’ALTISE.
Il s’agit d’un petit insecte noir de la famille des chrysomèles qui se nourrit d’herbe et de feuillages. Ces derniers ont dévoré certaines cultures – parmi lesquelles figurent les choux – et ce dans de nombreuses régions françaises : l’Ile-de-France (Essonne, Seine et Marne, Val d’Oise), la Bretagne…. Il y aura près de 70 % de pertes dans notre région.
Même les plus ancien·ne·s de nos paysan·ne·s en AMAP n’ont jamais constaté un phénomène d’une telle ampleur.
Les paysan·ne·s échangent leur trucs et astuces pour améliorer la situation et pallier le manque d’eau, avec plus ou moins de succès :
- Certain·e·s laissent les plants à l’extérieur avant de les mettre en terre pour qu’ils s’endurcissent
- D’autres n’utilisent plus de bâches tissées mais une voile verte d’ombrage le temps qu’ils s’enracinent. Mais malgré les voiles habituellement assez efficaces, les insectes ont pondu sous les voiles,
- D’autres encore utilisent du compost dans les trous de semis afin de réduire la température et limiter l’enherbement.
- Des tentatives à base de décoctions de sureau n’ont pas donné de résultat probant
- Les plaques engluées ne sont pas apparues concluantes sur de grandes surfaces mais plutôt sur des plaques de semis,
- L’arrosage par aspersion a permis de sauver une partie des choux pour les fermes qui ont pu la mettre en place
Les choux, les radis et une bonne partie des légumes de la famille des brassicacés sont donc criblés de trous.
Chou dévoré par les altises
Navet dévoré par les altises
Pourquoi cette année une telle « attaque » d’altises ?
Entre la sécheresse et les fortes chaleurs, le manque d’humidité, le colza en grandes cultures qui n’a pas correctement poussé, les altises n’avaient pas d’autres maisons que les crucifères dans les fermes maraichères.
Les choux risquent donc d’être aux abonnés absents de vos paniers hivernaux. Les paysan·ne·s soulignent qu’un hiver sans chou serait du jamais vu et ne ressemblerait pas à un hiver normal.
Des solutions partagées collectivement ?
Collectivement, des questions se posent : Que faut-il faire ? Comment trouver des solutions à long terme pour faire face aux prochains aléas ? L’innovation ? Créer des aspirateurs à ravageurs (altises, doryphores…) en lien avec l’atelier paysan (coopératives d’auto-construction agricoles) ? Les paysan·ne·s ne manquent pas d’idées mais souvent de temps.
Restons sur une note positive, l’histoire du maraîchage en Ile-de-France a montré que la pression de certains insectes a baissé, et cela pourrait être dû à un nombre grandissant (mais qui reste encore faible) de surfaces mellifères et d’espaces dédiés à la biodiversité. Notons que les prédateurs des altises sont les oiseaux, les crapauds…
Et vous en tant qu’amapien.ne.e ?
Pour continuer à assurer un revenu aux paysan·ne·s, à maintenir des fermes viables sur le plan économique comme humain parlant même lors des crises climatiques, se pose la question de la mise en place d’alternatives solidaires et mutualisées : s’adapter en AMAP, revoir les planning de semis, continuer à développer des fermes diversifiées faire groupe ...
Certain.ne.s s'interrogent sur l'aide qu'ils/elles peuvent apporter à leurs partenaires. Voici les principales actions à mener :
- Contacter votre/vos paysan(s) partenaire(s) pour connaître l'état de leur ferme/production et proposer des coups de main sur la ferme si besoin ;
- Echanger sur ce sujet avec d'autres amapiens et d'autres paysans au cours d'interAmap ;
- Organiser une rencontre entre votre paysan et ses AMAP partenaires : comment mettre en pratique le principe de solidarité en cas d'aléas climatiques au sein de votre partenariat, mobiliser une cagnotte solidaire pour soutenir financièrement votre/les paysan(s) touché(s) : le Réseau peut vous accompagner, n'hésitez pas à nous solliciter.
Et surtout, faire preuve de compréhension cet hiver, diffuser largement le message auprès des amapien.ne.s qui n'auraient pas lu cet article ! Il est essentiel d’avoir à l’esprit qu’une grande partie des légumes que vous consommez l’hiver ont commencé à pousser au printemps.
Merci ! Et n'hésitez pas à nous contacter pour échanger sur ces sujets : Lucie Humbaire : lucie@amap-idf.org - 07 77 97 57 26
Par Lucie, salariée du Réseau AMAP IdF