30 mai 2022
Formidable solidarité à la Ferme de Cravent
En mars dernier, Richard, paysan en AMAP depuis 15 ans, est victime d'un grave accident de travail... voici le récit des solidarités déployées pour l'aider à ce moment clé de la saison de maraîchage !
Un accident de travail qui met en péril la production de l'année
Au mois de mars 2022, nous apprenons, alors que nous recherchons de nouveaux·elles administrateur·rices pour le Réseau des AMAP IdF, que Richard, paysan à la ferme des Légumes de Cravent (78) vient d'avoir un grave accident de travail ! Maraicher en 100% AMAP depuis presque 15 ans, il partage sa production à 120 familles. Pour atteindre un équilibre économique, il aurait besoin de 130 contrats et que les contrats manquants impactent soit son salaire de paysan soit de renoncer à de la main d'oeuvre salariée. Sachant que Richard recherche depuis de nombreux mois un·e salarié·e pour sa ferme. Il nous expliquera ensuite combien il est difficile dans le nord-ouest de l'Île-de-France de trouver quelqu'un·e, la main d'œuvre un minimum qualifiée est une richesse rare.
Et faut-il le rappeller ? Aux mois de mars et d'avril, une grosse partie de la saison maraîchère se joue car il faut préparer ses planches, faire ses semis, repiquer, désherber, installer l'irrigation, bâcher, etc.
La solidarité se met en place sur la ferme
A cause de son accident, pendant plusieurs semaines Richard est contraint de réduire fortement son activité sur la ferme. En quelques jours, ses deux groupes AMAP se mobilisent pour l'aider : les amapien·nes assurent les distributions : remplir le camion, aller sur le lieu de distribution, revenir le lendemain. Ils participent le week-end à des chantiers. Certain·es amapien·nes, plus disponibles, viennent même plusieurs fois par semaine : je pense notamment à Noël avec qui nous avons eu le plaisir de partager diverses activités comme la plantation de la mâche ou le désherbage des artichauts…
Coté Réseau des AMAP IdF, nous nous demandons comment nous pouvons être solidaire face à un aléas humain aussi important, surtout à un moment clef de la saison maraichère. Nous activons tous nos réseaux pour diffuser largement l'offre d'emploi de salarié·e. Trouver quelqu'un·e qui soit présent·e tous les jours, c'est la priorité ! En solution à court terme, le temps que Richard aille mieux, nous mobilisons les porteur·euses de projet Abiosol. Ils sont motivé·es à venir sur la ferme et contribuer aux chantiers participatifs une fois par semaine pendant un mois.
Plusieurs conclusions
- 1+1 font plus que 2 : la force d'un groupe motivé est incroyable, que ce soit amapien·nes, porteur·euses de projets ou paysan·nes qui sont venu·es donner un peu de leur temps sur la ferme.
- Richard n'a pas pu prendre son arrêt de travail. En permanence, il a dû se mobiliser psychologiquement et stratégiquement pour expliquer ce qu'il fallait faire sur la ferme, définir les priorités pour rattraper le retard, sans pour autant pouvoir montrer physiquement les tâches à réaliser car la fatigue de l'accident de travail était très grande. Encore une fois, on peut voir la complexité du métier de maraîcher, la difficulté à déléguer dans une période aussi importante à des apprenant·es.
- Sans entrer dans le détail, Richard a dû et doit encore passer énormément de temps avec la MSA (Mutuelle Sociale Agricole) pour « justifier » qu'il s'agit bien d'un accident de travail ! La prise en charge de l'arrêt de travail par la MSA permet tout juste de rémunérer un salarié à mi-temps...
- Cette expérience démontre enfin la richesse humaine en terme de solidarité, la pédagogie déployée par Richard même dans les moments difficiles, les repas partagés à parler du devenir de l'agriculture paysanne et des AMAP dans un contexte ou le renouvellement n'est pas toujours simple.
Cette expérience malheureuse a montré la solidarité dans un partenariat AMAP !
Courage Richard !
Par Lucie, salariée du Réseau
