31 mars 2021
Carnet de campagne #5 : Les élections régionales, en quoi ça me concerne ? Quelques éléments de réflexion sur notre formation citoyenne
Notre quotidien immédiat est touché par les choix politiques régionaux. Ils concernent de nombreux domaines, le plus évident en Ile-de-France c’est le transport. Mais il y en a beaucoup d’autres, comme par exemple le soutien à l'accès au logement et à l'amélioration de l'habitat, le fonctionnement et l’entretien des lycées et… l’agriculture. Le 13 mars 2021, lors d’une formation en ligne, nous sommes donc revenus sur le rôle de la région en matière d’agriculture et d’alimentation. Cette formation s’inscrit dans le cadre du cycle de formation citoyenne organisé par les Ami·e·s de la Confédération Paysanne, Terre de liens IDF et le Réseau des AMAP IDF (lien vers le catalogue).
Nous avons présenté les champs d’interventions possibles de la région en matière d’agriculture et d’alimentation, la dynamique de l’agriculture biologique en Ile-de-France et ses évolutions possibles, le rôle de la future PAC pour financer l’agro-écologie. Nous avons également présenté les têtes de liste lancées dans cette campagne et avons débattu sur la manière de se mobiliser ensemble en temps de COVID. En échangeant avec les participants, de nombreuses questions et besoins ont émergé. Un bilan réflexif est donc nécessaire. Le manque de lisibilité de l’action publique au niveau régional suscite des questions. Quels sont les éclairages nécessaires pour permettre un débat démocratique ? Au-delà de cette formation, comment se mobiliser en temps de covid ?
1) Une formation sur les compétences de la région ? Est-ce nécessaire ? Encore un truc de technocrate !
Une trentaine de participants, provenant de toute la France étaient présents. La formation se focalisait sur l’Île-de-France mais des interrogations ont aussi porté sur les choix politiques agricoles des autres régions. Les participants nous ont donc interrogés sur le fléchage des financements, le type d’agriculture soutenue et l’utilisation des financements européens (PAC). Ils nous ont aussi interrogés sur les indicateurs de suivis (qualitatifs et quantitatifs), qui permettent d’évaluer les ambitions régionales. Ces questions sont fondamentales pour que les citoyens puissent exercer leur droit démocratique. Entre la communication officielle, les documents technocratiques et les invectives politiques, il est difficile de s’y retrouver. Cette formation semble être une première porte d’entrée importante mais elle ne sera pas suffisante pour répondre à l’ensemble des questions.
Rappelons qu’en Ile-de-France, l’agriculture ne représente qu’une toute petite partie de l’activité économique : 0,1 %. Sans surprise, c’est le secteur tertiaire qui domine (70, 8%) (source). Et, si Le budget de la région en matière d’agriculture a augmenté, il reste un poste de dépense assez faible comparativement aux autres (19 millions d’euros pour un budget total de 5 milliards en 2020) (Source). Pourtant, parce qu’elle est étroitement liée aux questions d’écologie et d’accès à l’alimentation, l’agriculture Francilienne sera un sujet politique important dans cette prochaine campagne. Le futur exécutif aura à se positionner sur de nombreux problèmes : départ massif à la retraite des agriculteurs, artificialisation des terres agricoles, changement climatique affectant les récoltes, stress hydrique, chute de la biodiversité, augmentation de la précarité alimentaire et absence d’autonomie alimentaire régionale. Derrière ces enjeux se trouvent des choix politiques, économiques et des modèles agricoles… Bref, une vision de la société.
Comprendre les possibilités d’intervention régionale, permet d’être armés face aux éléments de langage et d’interroger les candidat·e·s sur leur démarche elle-même et les résultats attendus. Mais comment arriver à mobiliser tou·t·es les francilien·ne·s sur ces questions ?
2) Dépasser les éléments de langage, se mobiliser
Cette campagne est plus difficile que la campagne régionales de 2015. Non seulement parce que la bonne tenue du scrutin en juin 2021 n’est pas complètement confirmée (source). Mais aussi parce que les règles sanitaires rendent quasiment impossible les rencontres citoyennes et les échanges publics. Le taux d’abstention aux élections depuis plusieurs années témoignait déjà d’un problème démocratique (source). Cette année, on se demande bien à quoi pourra ressembler cette campagne. Les candidat·e·s arriveront ils·elles à mobiliser et à générer du débat ? Quels seront les lieux et les espaces d’échanges ? Comment les citoyen·ne·s pourront s’imposer et ne pas rester que de simples spectateurs·rices ? Comment éviter que les citoyen·ne·s soient privés d’un débat qui nous concerne tou·t·e·s ?
La formation a révélé que la complexité des sujets (PAC, finance publique, agronomie etc.), pouvait être dépassée et mobiliser du monde, dès lors que ces sujets prenaient un sens dans le quotidien. Et qu’est-ce qui fait plus sens que l’alimentation ? Nos structures associatives, peuvent jouer un rôle pour que ce débat ait bien lieu. Les citoyens devraient pouvoir interroger les candidats et leur demander directement : « comment accéder à des légumes frais, de qualité, de saison et à un prix rémunérateur pour le·la paysan·ne - quel que soit mon budget ? », « A quoi ressembleront les campagnes Franciliennes dans 10 ou 20 ans? », « Comment faire pour que l’agriculture devienne un secteur qui recrute ? », « Comment adapter et protéger les récoltes face aux dérèglements climatiques en Ile-de-France ? », « Comment évaluer démocratiquement l’efficacité des décisions ? », « Quel sera le modèle économique des futures fermes ? ».
C’est collectivement seulement, que nous serons en capacité de faire bouger les lignes sur l’agriculture et l’alimentation francilienne. Alors ouvrons ce débat, sortons de l’expertise et créons des espaces de discussion commun. Rendez-vous au mois de mai pour les interpellations citoyennes.
Par Ariane, salariée du Réseau AMAP IdF