12 sept 2025

Au Foyer Grenelle, l’AMAP met du beurre dans les épinards

Angélique, admin' au Réseau AMAP IdF, est allée à la rencontre des femmes ayant adhéré à l'AMAP Elément Terre dans le 15ème arrondissement de Paris, grâce à un projet de solidarité mené avec le centre social, le Foyer de Grenelle. Elle nous partage leurs témoignages.

Un centre social singulier

Chaque semaine, la cour du Foyer Grenelle, dans le 15e arrondissement de Paris, a des allures de marché paysan. C’est ici que s’effectuent les distributions des AMAP Élément Terre et Volontaires deux fois par semaine.

Si la création du Foyer s’inscrit dans la poursuite de la Commune de Paris, ce n’est pas le temps des cerises ici ce mardi, mais celui des fraises odorantes que la maraîchère de l’AMAP Elément Terre, Mélanie a apporté pour la distribution du jour en plus des pommes de terre, des carottes, des épinards, du concombre, du brocolis et, sujet de conversation inépuisable, des courgettes…. « On en a tellement qu’on ne sait plus comment les manger ; moi j’ai tout fait, je crois que je n’ai plus d’idées » lâche Mabrouka dans un grand éclat de rire partagé avec Zineb, Nesrine, Nisrine, Tsunda et Badia toutes réunies dans une salle avant la distribution pour faire un retour sur leur participation à l’AMAP.

Je suis vraiment fier de ce travail qui permet de travailler sur la mixité sociale

Ces six mamans actives au sein Foyer bénéficient de paniers de l’AMAP à prix solidaires ; une initiative rendue possible grâce à l’implication d’Evelyne et de Kien de l’AMAP Elément Terre « Une idée de longue date qui finit par rencontrer les objectifs du foyer autour de l’alimentation saine » explique celle qui est également administratrice du Réseau des AMAP en Ile-de- France et du Miramap (Mouvement inter-régional des AMAP).

« Vu de l’extérieur, on se disait qu’il était dommage que les AMAP ne soient pas plus intégrées aux initiatives du foyer » complète Michaël Kalfon, le directeur du foyer.
Une première expérience de 4 mois a été menée, suffisamment concluante pour qu’elle soit poursuivie sur une année à la faveur d’une subvention obtenue par la Fédération Evangélique Protestante dans le cadre du projet « Mieux manger pour tous ». « Je suis vraiment fier de ce travail qui permet de travailler sur la mixité sociale » souffle Michaël.

C’est ainsi qu’une partie du temps de travail de Rachelle, la travailleuse sociale du Foyer, est dédiée à l’accompagnement des familles. C’est elle qui gère la partie administrative d’un contrat signé entre l’adhérent, le foyer et la maraîchère. « Le Foyer a avancé la totalité du prix des paniers solidaires à la maraîchère. Les familles qui paient un tiers du prix du panier, nous remboursent à des périodes régulières. Leur statut reste confidentiel. A l’AMAP, elles sont des adhérentes parmi les autres » souligne Rachelle qui a également passé du temps sur la sensibilisation aux produits bio, de saison «et moches. Quand on va au supermarché, les fruits et légumes sont calibrés ; ils sont présentés de manière à ce qu’on ait envie de les acheter. Quand vous les prenez à l’AMAP, ils sont de tailles différentes, tordus, avec parfois des petites bêtes. Cela a permis d’aborder la stratégie marketing des supermarchés.
J’ai pris le temps d’expliquer ce que signifiait l’engagement à l’AMAP. Passer de l’aide alimentaire à l’AMAP, ce n’est pas si évident mais c’est comme passer du supermarché à l’AMAP 
».

Des légumes à cuisiner 

Mais une fois passé le cap, c’est plutôt la satisfaction qui l’emporte. La surprise de découvrir des légumes inconnus ou qu’on ne sait pas cuisiner. « Il y a des produits que je n’aurai jamais acheté ou goûté sans l’AMAP » raconte Tsunda dont les habitudes culinaires ont un peu changé « avant nous étions plutôt viandes et malbouffe. Ça nous a forcé à manger des légumes. On ne regrette pas, on a découvert des saveurs et on est devenus des adeptes de la soupe ».
Nesrine loue également la qualité de ces légumes « qui peuvent rester une semaine dans le réfrigérateur sans jamais s’abîmer » tandis que Nisrine apprécie l’aspect éducatif pour ses enfants, désormais en contact direct avec la productrice.

Une recette : la convivialité

Un petit bémol pour Zineb déçue par la qualité d’une livraison de fruits et qui par ailleurs ne trouve pas sa place au milieu des autres adhérents « on a du mal à s’intégrer au groupe. J’aspirais à un peu plus de convivialité ».

La remarque permet à Evelyne de rebondir « Nous devons réfléchir ensemble à ce qui permettrait de faire revivre cette convivialité, un peu perdue depuis la crise COVID. Il est vrai que le lien que nous souhaitons renforcer en premier est celui entre mangeurs et producteurs, surtout face aux enjeux de la crise climatique ».

Message reçu autour de la table pour des mamans que l’on devrait retrouver dans d’autres projet du Foyer. Un Conseil de Maison a été créé réunissant salariés, bénévoles et accueillis et on y réfléchit à un projet de caisse de mutualisation pour l’achat de produits bio et/ou de producteurs pour approvisionner le café associatif, le goûter des enfants venant à l’aide aux devoirs, l’accueil/petit déjeuner et le repas solidaire hebdomadaire.

L’enthousiasme est palpable. Au Foyer, on a la pêche et l’envie d’agir ensemble.

Angélique Dupont, admin' au Réseau AMAP IdF et responsable de l'AMAP Consomm'acteurs de Gennevilliers (92)

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