26 fév 2021

Cultiver la convivialité en AMAP en temps de crise sanitaire, un défi à relever !

Confinement, déconfinement, couvre-feu à 20h puis à 18h, dérogations, règles sanitaires, distanciation sociale, gestes barrières… : depuis bientôt un an, amapien·ne·s et paysan·ne·s ont dû redoubler d’efforts pour garantir la poursuite des distributions. Si l’objectif principal de continuité des distributions a été atteint, cela n’a pas été sans affecter la convivialité propre à ce temps d’échange et de partage qui constitue l’un des ciments de notre système.

Mais baisser les bras face à l’adversité ne fait pas partie de l’ADN des AMAP. Pour se mettre du baume au cœur et vous inspirer, nous sommes donc allé·e·s à la rencontre des groupes en AMAP pour savoir quelles actions avaient pu être mises en place malgré le contexte pour entretenir les liens au sein des groupes et égayer les distributions.

A l'AMAP de Cagettes de Lafayette, la distribution se fait ... par la fenêtre !

Redonner de la chaleur au temps des distributions

Si les règles sanitaires et la distanciation sociale doivent être respectées, il reste toutefois une marge de manœuvre aux AMAP pour ramener un peu de festivité aux distributions.
Pour certaines AMAP, ce sera des distributions en musique. A Anthony, pendant un mois, une amapienne musicienne de l’AMAP de la Blette Humaine est spontanément venue aux distributions avec sa flûte traversière et accompagnée d’autres ami·e·s musicien·ne·s. Les distributions étant à l’extérieur, ils·elles pouvaient jouer en se tenant suffisamment à distance. Pour une amapienne qui était de distribution ces jours-là, ce moment de partage a permis de donner du sens au moment ! A Montreuil, chez Légumes et Cie, la distribution a dû être déplacée de quelques dizaines de mètres pendant le confinement, au coeur des murs à pêches. Ca tombe bien, c'est aussi là que vit l'artiste Johnny Montreuil, qui a du coup offert aux adhérents de l'AMAP des concerts privés en plein air devant sa caravane pendant la période estivale.

Dans le 20e arrondissement parisien, la chanson est venue spontanément lors du déchargement des paniers de légumes à l’AMAP Réunion Père Lachaise. Pour compter les sacs, les amapien·ne·s ont décidé de faire un jeu : chacun·e prenait un sac et comptait en chantant pour suivre le nombre de sacs au fur et à mesure qu’ils étaient sortis du camion. Sophie témoigne : « ça parait un jeu bête mais quelque part ça nous a follement amusé et on ne s’est jamais trompé ».

La convivialité, ça passe aussi par des petits détails qui viennent égayer les distributions. Alors même que les distributions avaient lieu dans une descente de parking à moto, Sophie de l’AMAP du Réunion Père Lachaise, a toujours ramené la nappe à carreau pour habiller la table de distributions et son pupitre rose pour signer les listes. Armée d’une craie, elle écrivait chaque semaine un petit mot sur le sol pour accueillir les amapien·ne·s !

Il semblait aussi essentiel pour certains de prendre, malgré tout, le temps de célébrer certains événements lorsque le lieu de distribution permet de respecter les gestes barrières.

Dans le 13e arrondissement, une AMAP a profité des beaux jours récents pour inviter les amapien·ne·s qui le souhaitaient à prendre un thé au parc Choisy afin de célébrer le renouvellement des adhésions.

Pour l’AMAP de Réunion Père Lachaise, après avoir passé un an sans local, il s’agit aujourd’hui de célébrer leur nouveau local. Alors pour remercier les élu·e·s locaux·ales qui les ont aidés dans cette quête, le bureau de l’AMAP a décidé de les inviter à passer lors d’une distribution pour leur remettre le trophée de la solidarité amapienne : « une patate d’or » ! Invitation qu’ils·elles ont accepté avec enthousiasme. Les amapien·ne·s ont donc prévu de faire un petit cérémonial, sans se prendre trop au sérieux pour autant, avec au programme un petit discours et une chanson à écrire collectivement. Pour Sophie, il s’agit de « marquer le coup, parce qu’on en a vraiment bavé ». A défaut de boire des coups, on peut au moins célébrer un nouveau local !

Renforcer la communication pour entretenir les liens à distance

Lors de nos échanges avec les AMAP, nous avons constaté que beaucoup d’amapien·ne·s avait mobilisé leurs talents pour garder le lien à distance.

A défaut de pouvoir organiser des événements comme avant, vous avez été nombreux·euses à prendre votre plume ou votre appareil photo pour raconter l’AMAP et partager ce qui s’y fait. Les photos ont alors gagné en sens dans un contexte où l’on peut moins se voir, en permettant d’apprendre à se connaitre à distance.

A l’AMAP des Jardins Enchantés, Thomas photographe professionnel, a pris de magnifiques photos de son maraicher et des jeunes qui travaillent avec lui. Il s’agissait de maintenir le lien avec eux en racontant leurs parcours dans un document diffusé aux amapien·ne·s. A l’AMAP Réunion Père Lachaise, Sophie a pris le temps à chaque distribution de faire des photos afin de garder une trace et un souvenir. Dans les bilans annuels, elle a donc pu illustrer davantage l’année, mais aussi raconter le parcours et les projets de leurs paysan·ne·s, avec un objectif : rajouter de l’humain et montrer le visage de l’AMAP ! Dans le 13e arrondissement, deux amapiennes ont travaillé ensemble pour réaliser un calendrier illustré pour apprendre à cuisiner des plats asiatiques avec des légumes d’Ile de France !

   

Les photos de Thomas, photographe professionnel et amapien, utilisé dans un document pour présenter les maraîchers des Jardins Enchantés aux amapiens

A l’AMAP Réunion Père Lachaise, une petite bibliothèque dédiée à l’AMAP – Circul’livres – est gérée par Anne, une ancienne documentaliste, qui stocke chez elle une belle collection de livres dédiés à l’AMAP. Avant la crise sanitaire, elle faisait une sélection de livres qu’elle amenait aux distributions pour que les amapien·ne·s puissent les emprunter. Face aux contraintes de la crise sanitaire elle s’est donc adaptée et a édité avec David un catalogue avec tous les livres de l’AMAP afin que les amapien·ne·s puissent continuer à en réserver. Pour ramener les livres entre les deux lieux de distributions de l’AMAP, c’est le maraicher Sébastien qui s’en charge en les prenant dans son camion !

Pour garder le contact, vous avez été nombreux à utiliser de nouveaux outils. A l’AMAP Ménil’Sème, c’est l’outil de messagerie Zulip qui a pris place pour communiquer plus facilement que par email. Il permet d’organiser les conversations et de partager facilement des fichiers (équivalent de Slack mais en version libre et gratuite). Emilie, une amapienne, propose même des formations aux amapien·ne·s qui auraient besoin d’aide pour prendre en main l’outil. Si vous êtes intéressé·e·s, elle est prête à ouvrir ses formations à d’autres amapien·ne·s pour leur permettre d’introduire l’outil dans leur AMAP (contacter astrid@amap-idf.org pour plus d’infos).

Un amapien déguisé à la distribution de l'AMAP Coup de Pouss, Paris 19e

Bien que nous soyons tou·te·s un peu fatigué·e·s des visioconférences, des petites astuces existent pour égayer ces moments. A l’AMAP Elément terre, à Paris 15e, c’est déguisé qu’on se présente à la visio. Conclusion d’une participante : « éclat de rire garanti à chaque ouverture de fenêtre sur l'écran, nous n'avons jamais eu une AG aussi détendue ». Dans certaines AMAP, l’utilisation de la visioconférence a aussi permis à de nouvelles personnes de s’investir et créer de nouveaux liens en rendant les réunions plus accessibles malgré tout.

Une période difficile qui fait émerger des solidarités et des investissements nouveaux

Nous avons aussi constaté que la convivialité avait pu être renforcée par les solidarités qui ont émergé de la crise. Dans les territoires ruraux, la création de mini-groupes locaux pour limiter les grands regroupements ont permis de créer des liens plus forts entre les personnes d’un même groupe ou village. Pour Thomas de l’AMAP des Jardins enchantés, cela a permis de « mieux stimuler l’appartenance à cette belle aventure qu’est votre AMAP ». En effet, l’adaptation du modèle AMAP face à la crise sanitaire a été une occasion pour certain·e·s d’avoir une meilleure compréhension du modèle AMAP et de sa résilience.

Plusieurs AMAP ont constaté l’investissement de nouvelles personnes dans l’organisation de l’AMAP. Pour Romain de l’AMAP des Bio paniers de Mareil, il y a eu un vrai esprit d’entraide face à la difficulté et l’adversité avec une volonté de résoudre les problèmes à plusieurs. Sophie de l’AMAP Réunion Père Lachaise rappelle à quel point il est essentiel de prendre le temps d’accueillir ces nouvelles personnes qui viennent participer aux distributions et de faire connaissances afin de leur permettre de bien s’intégrer.

Les différents échanges que nous avons eus avec des amapien·ne·s nous démontrent donc que malgré le contexte, il est possible de mettre en place des petites choses qui participent à donner du sens à l’AMAP. Il s’agit de faire appel aux talents de chacun·e au sein de l’AMAP afin de les mettre au profit du collectif. Certes, le lieu de distribution joue pour beaucoup dans les capacités à mettre en place des choses tout en garantissant le respect de la distanciation sociale. Toutefois, il s’agit de faire preuve d’inventivité et de profiter des beaux jours qui arrivent pour nous retrouver ensemble en plein air en toute sécurité !

Par Astrid, salariée en charge de l'accompagnement des groupes AMAP et la communication

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