23 oct 2020

Retour sur le premier voyage d'études des aviculteurs en AMAP !

Depuis 6 ans, le Réseau AMAP IdF organise des voyages d’études à destination des paysan.ne.s. Le groupe est souvent constitué principalement de maraicher.e.s. Soucieux de représenter et accompagner toutes les productions (élevage, arboriculture…), le Réseau a voulu cette année organiser deux voyages : le traditionnel, qui approche à grand pas (direction l’Ille-et-Vilaine pendant 3 jours en décembre), et ce nouveau format, d’une journée, plus proche, moins long, à une période plus propice pour les aviculteurs que décembre, moment crucial.

Direction l’Yonne donc, sur la thématique de l’aviculture en AMAP. Nous espérons renouveler l’expérience chaque année avec d’autres productions, pour apporter des échanges et du contenu à tous les types de production.

Première visite : la ferme de la Bilouterie, avec Jean-Bertrand, céréalier et aviculteur à Dollot

Quand Jean-Bertrand s’installe en 1999 sur la ferme familiale, il décide de passer les 125 h de cultures en agriculture biologique. Il a démarré l’élevage il y a 20 ans ; cela semblait logique. Les céréales pour les animaux, le fumier pour les céréales… la boucle est bouclée.
Actuellement 3 salariés travaillent à temps plein sur la ferme, plus l'équivalent d'un mi-temps concentré les jours d'abattage. Le père de Jean Bertrand travaille encore à mi-temps sur la ferme également.

Les animaux (poules pondeuses, poulets de chairs et cochons) autoconsomment 70% de ce qui est produit sur la ferme : blé, triticale, maïs… Cela permet aussi de faire moins de tri lors de la récolte car tout est valorisé avec les animaux. Il vend la luzerne pour la déshydratation…

Une fabrique d’aliment à la ferme

Les 7 cellules de stockage ont été installées à l’arrivée de Jean-Bertrand, tout comme que la broyeuse/mélangeuse. Il a tout acheté d’occasion et installé lui-même. Beaucoup de travail, mais peu d’investissement, environ 2000 euros.

7 tonnes d’aliments sont fabriquées chaque semaine pour les volailles (environ 15 minutes chaque jour pour préparer la mouture). La ferme fabrique 4 aliments :

  • L’aliment pour la poussinière : des miettes sont achetés avec un pourcentage de protéine de 19.5% pour les poussins de quelques jours à 4 semaines
  • L’aliment croissance pour les poulets de 4 semaines à 3 mois composés des céréales de la ferme complété avec de l’aliment d’un fabricant (vitamines, minéraux, tourteaux)
  • Un aliment de finition avec 100% des céréales de la ferme
  • Un aliment spécifique pour les poules pondeuses

Les animaux :

La ferme ne fait pas les naissances ; elle achète les poussins à un jour. (On comptait auparavant 110 couvoirs en France. Il n’en reste que 40…).

Les poules pondeuses: 

Les œufs sont ramassés environs trois fois par semaine. Une fois le ramassage fait, ils sont triés et mis en caisse, ce sont des « tout calibre ». La Bilouterie a comme projet d’installer un centre de conditionnement et de nouveaux poulaillers pour les poules pondeuses.

Les poulets de chairs :

  • Age 1 : Il y a trois poussinières de 1000 poussins qui restent pendant 3 ou 4 semaines. Il y a un vide sanitaire de deux semaines entre chaque lot de poussins pour prévenir les maladies.
  • Age 2 : Les animaux sont ensuite transférés dans un poulailler pour grandir jusqu’à leur 3 mois et demi. Ils sont abattus à 120 jours. Dans les poulaillers mobiles ouverts sur l'extérieur du lever au coucher du soleil, les poulets ont accès à des mangeoires (de 400kg) et des distributeurs d’eaux. L'espace extérieur est supérieur à celui qui est obligatoire en bio.
  • Jean Bertrand a également des volailles de Noël : canards, chapons et dindonneaux. Il trouve très difficile de faire des dindonneaux. Ce sont des animaux qui attrapent beaucoup de maladies. Les chapons sont castrés sur la ferme a un mois environ. Il n’y a pas trop de prédation. Les poulets rentrent le soir dans leur poulailler pour la nuit.

L'abattage à la ferme pour le bien-être animal et l’autonomie

Une tuerie à la ferme permet de tuer soi-même ses volailles sur la ferme.
Après une longue bataille juridique qui a mobilisé les acteurs locaux, la Bilouterie a obtenu en 2014 le permis de construire pour une tuerie.
L'objectif d'autonomie et de contrôle de toute la chaîne est donc atteint et la qualité et le goût des poules et pintades en sont à la hauteur d’après les amapien.ne.s !

La fatigue des allers retours hebdomadaire à l’abattoir de son oncle justifiait l’investissement. Une éleveuse présente lors de la visite a confirmé combien il est contraignant de se rendre à l’abattoir, souvent loin de la ferme déposer ses animaux et revenir les chercher le lendemain. Il y a de moins en moins d’abattoirs et encore moins certifiés bio et qui respectent les animaux comme les éleveur.se.s le souhaitent.

Les poulets sont attrapés le lundi soir et l’abattage a lieu le mardi matin. Il faut être 6 sur la chaine d’abattage, pendant environ 4 heures.

Jean Bertrand aspire à lever un peu le pied ; l’élevage est un métier contraignant, qui demande beaucoup d’organisation et de confiance lorsqu’on souhaite se libérer du temps.

Et les AMAP ?

La Bilouterie est en partenariat avec 14 groupes pour les œufs et les volailles. Les œufs sont commercialisés en 100 % AMAP en part de ponte. Qu’est-ce que ça veut dire ? la totalité des œufs récoltés sont répartis entre tous les contrats. Les poules ne pondent pas la même quantité d’œufs en fonction de leur âge, de la quantité de lumière, de leur alimentation. Il y a des périodes où elles pondent un œuf par jour, les amapiens auront jusqu’à 8 œufs, en hiver quand les journées sont plus courtes elles pondent moins, les amapiens auront que 4 œufs. Cela s’équilibre sur un an de contrat.

Les poulets sont commercialisés 50% en AMAP et 50% en Biocoop. Les amapiens s’engagent à prendre une volaille par mois, aléatoirement (poulets, poularde, pintade, canette…). Mais le poids est pris en compte pour régulariser le contrat à la fin de l’année (cf. notre travail sur ce sujet ici)

Deuxième visite : la ferme de la Collerie à la Ferté Loupière

Christelle, cheffe d’exploitation, et Thibault, salarié, nous reçoivent à la ferme de la Collerie. Christelle s’est installée en 2004, c’est une reconversion professionnelle. Elle exploite pendant ses premières années 200 h de céréales, qu’elle passe rapidement en agriculture biologique. Les volailles de chairs n’arriveront qu’en 2011.

Christelle souligne que faire des céréales, en bio en tant que femme n’a pas toujours été simple au sein du milieu agricole.
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Des poulets de chairs sur la ferme

A la Collerie, il y a 4 lots par an de 1000 volailles (800 poulets et 200 pintades). Christelle a réhabilité le hangar existant pour y faire une poussinière entourée de deux poulaillers qui donnent directement sur 1h de parcours arboré.

Les poussins sont achetés à un jour, ils restent dans la poussinière entre 1 jour et 6 semaines, ils rejoignent ensuite leur poulailler jusqu’à leur 100 jours minimum. Comme le lot est d’environ 1000 poulets et qu’une centaine de poulets sont abattus chaque semaine, ils continuent à grossir au fur et à mesure des semaines des 8 semaines que prend l’abattage de tout le lot. Les poulaillers sont nettoyés à l’eau bouillante et un vide sanitaire a lieu pendant deux mois.

L’aliment n’est pas produit sur place, Christelle achète les trois phrases d’aliment (cf ci-dessus) à un fabricant.

Une tuerie comme solution à une meilleure organisation de travail

La tuerie a été installé en 2014, c’est la même que Jean Bertrand, avec les mêmes ateliers. Ce n’était pas dans les projets de départ de Christelle mais ce n’était pas tenable d’enfermer les poulets dans la nuit et de les amener à l’abattoir à 5h du matin.
Les poulets ne sont pas sexés (pas de choix d’avoir que des poulets), ils pèsent entre 1.5 et 2.6kg.

Ils sont également 6 sur la chaine d’abattage. C’est un élevage de chien certifié qui récupère les viscères.

Les céréales de la ferme sont intégralement vendues à une coopérative où Christelle est maintenant vice-présidente et représente les groupes de producteurs au sein du bureau de Biocoop national. Cet engagement prend beaucoup de temps à Christelle mais elle trouve cela nécessaire d’être investie dans les instances.

Aujourd’hui la ferme est en lien avec 4 AMAP, 4 Biocoop de l’Yonne et un restaurant. Les participants échangent sur les contrats AMAP. Christelle n’est engagée que par période de deux mois avec les AMAP, ce qui pose encore une fois la question du contrat AMAP.

Par Lucie, salariée du Réseau

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