27 nov 2018
Le mouvement interrégional des AMAP a participé à une formation rassemblant les réseaux « AMAP » (CSA pour «Community Supported Agriculture » en anglais) nationaux de différents pays européens. Grecs, Allemands, Espagnols, Belges, Italiens, Tchèques, Roumains, Français : autant de nationalités présentes lors de cette formation de quatre jours sur le plaidoyer international dans la région de Rome. Ce séjour constitue le premier des quatre épisodes d’un projet européen organisé par le Réseau international des AMAP, Urgenci.
Le concept des AMAP a essaimé partout dans le monde, et nombreux sont les pays européens où les citoyen·ne·s développent des contrats solidaires avec des paysan·ne·s. Urgenci tente aujourd’hui de fédérer les énergies citoyennes des différents réseaux nationaux et de construire une parole unifiée à l’intérieur des espaces de concertation internationaux agricoles et alimentaires à l’instar de la FAO, agence onusienne spécialisée sur les enjeux précités. Nous nous sommes donc rendus à Rome, qui abrite le siège de la FAO.
Est-ce pertinent pour nos réseaux régionaux et nationaux de participer à des dynamiques de plaidoyer international ? Organisée par Urgenci, cette formation nous aura apporté de nombreux éléments de réponses. En bref, il est clair que l’échelon local (notamment municipal) s’impose comme étant le plus pertinent en termes de développement des dynamiques citoyennes sur l’agriculture et l’alimentation. C’est sur les territoires que sont construites aujourd’hui des alternatives crédibles. L’échelon local est également pertinent dans la mesure où la plupart des États (du moins à travers l’Union européenne) ne sont à l’heure actuelle guère enclins à soutenir les modèles agricoles et alimentaires alternatifs de demain. L’on voit ainsi de nombreuses municipalités prendre le relai sur le soutien aux circuits-courts et à l’installation paysanne, face à l’inaction généralisée des gouvernements (on peut penser par exemple à l’échec des États généraux de l’alimentation en France, qui n’auront accouché que d’une loi vide).
Autre argument : il est important de faire le pont entre les différentes initiatives locales afin de construire un véritable mouvement qui pèse dans la prise de décision sur des choix sociétaux telles que l’agriculture et l’alimentation. En d’autres termes, plus on est nombreux et structurés, plus on est forts.
C’est ainsi le pari d’Urgenci que de nous rassembler à travers l’Europe (mais également avec le reste du monde) afin d’avoir voix au chapitre dans les négociations internationales. La FAO, parce qu’elle est reconnue par la plupart des États, peut influencer les débats nationaux en donnant des recommandations en matière de politiques publiques. Ainsi, les participants aux débats à la FAO peuvent rentrer dans leur pays et s’appuyer sur les travaux de la FAO pour appuyer leur plaidoyer local et national.
Notre équipe a eu l’opportunité d’observer deux journées de débats à l’intérieur du Mécanisme de la Société Civile et des Peuples Indigènes (MSC). Celui-ci est un espace incontournable qui permet à de nombreux groupes de la société civile internationale (au total on dénombre onze collèges à savoir les petit·e·s paysan·ne·s, les éleveur·euse·s, les pêcheur·euse·s, les peuples indigènes, les consommateur·rice·s, les précaires alimentaires urbains, les ouvrier·ère·s agricoles, les femmes, les jeunes, les sans terres et les ONG) de se rassembler en amont des débats au sein de la FAO sur la sécurité alimentaire et de porter collectivement des sujets et des recommandations. Nous avons notamment pu participer aux débats sur l’agroécologie – terme certes dévoyé en France – dont le MSC propose une définition précise ici, et qui a été reprise en partie par la FAO.
Résultat : nous sommes rentrés en France avec des envies d’action et notamment de renforcer le travail de plaidoyer interrégional à travers les différentes campagnes du Miramap. Prochain épisode : le compte-rendu de l'assemblée générale d'Urgenci à Thessalonique !
Par Johan, salarié du Réseau
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