18 janv 2018
Les États généraux de l’alimentation (EGA) se donnaient comme ambition de rassembler l’ensemble des acteurs du monde agricole et alimentaire (consommateurs, paysans, industriels, grande distribution, associations…) afin de sortir la France des crises agricoles – et notamment de résoudre la question du prix non rémunérateur pour les paysans – ainsi que d’engager une transition écologique.
Un premier chantier s’est déroulé entre les mois d’août et octobre et devait permettre d’élaborer des réponses concrètes aux enjeux de la « création et la répartition de la valeur agricole ». En d’autres termes, il s’agit de trouver des solutions pour mieux rémunérer les paysans, et mieux répartir la valeur entre les différents acteurs concernés (producteurs, transformateurs, distribution et industrie agroalimentaire).
C’est à l’issue de ce premier temps, qu’Emmanuel Macron a annoncé, le 11 octobre, son intention de légiférer par ordonnances au cours du premier semestre 2018. Outre la méthode employée, c’est également la question du contenu qui soulève moult questionnements. Le président s’est en effet engagé à modifier la loi afin d’inverser la formation des prix et partir du coût de production pour mieux rémunérer les paysans. Idée qui n’est pas nouvelle, puisque c’est en substance ce que l’on propose au Mouvement des AMAP.
Plus concrètement, le gouvernement souhaite s'appuyer sur un outil qui, lui aussi, n’est pas nouveau : les contrats ou plans de filières. Ce sont des négociations tendues entre les acteurs précités, où chacun défend ses intérêts – économiques – propres. Les filières ont ainsi été invitées à travailler à l’élaboration de nouvelles feuilles de route avec à la clef une restructuration à cinq ans pour chacun d’entre elles. On voit mal dès lors comment les enjeux environnementaux et sociaux pourraient être intégrés dans un tel mécanisme, vu le contexte politique actuel et l’incapacité endémique des acteurs à s’entendre.
L’objectif annoncé était d’enclencher une transition écologique des systèmes alimentaires et agricoles. Or force est de constater que les moyens ont pris le pas sur l’objectif, lequel a été dilué à l’intérieur d’un outil dont la pertinence est très discutable.
Résumons. Le gouvernement français a voulu s’attaquer aux maux de l’agriculture française et co-construire une transition agricole et alimentaire. Mais à quelques jours de la clôture des EGA, l’objectif de transition écologique semble tout bonnement évacué des discussions, et ne devient qu’annexe. Le fond n’y est donc pas. Sans parler de la forme des EGA, laquelle avait déjà été pointée du doigt (cf. à ce sujet notre précédent article), qui a poussé une cinquantaine d’organisations de la société civile, dont le Mouvement des AMAP, à hausser le ton la veille du discours présidentiel le 11 octobre.
Une fois de plus, les EGA nous auront montré l’incapacité des pouvoirs publics à tracer un chemin cohérent vers un nouveau modèle agricole et alimentaire. Le gouvernement ne semble ainsi pas prêt à changer les règles du jeu en s’attaquant, réellement, aux enjeux environnementaux, de santé ou encore de solidarité internationale.
Le MIRAMAP a fait le choix d'être présent lors des ateliers de travail, en lien avec la plateforme pour une transition agricole et alimentaire. Suite aux conclusions de la première phase et vue la teneur des débats actuels de la deuxième, tout nous porte à croire que ces EGA ne seront pas le rendez-vous sociétal tant attendu par les Français.
Par Johan, salarié du Réseau AMAP IdF
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